Les dangers de la rhétorique wokiste

Les dangers de l'idéologie woke - Photo© Shutterstock

Les dangers de la rhétorique wokiste

Dans son nouveau livre, le Petit manuel à l’usage des parents d’un enfant woke, Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences en langue et littérature médiévales et agrégé de lettres modernes, analyse le langage woke et met en garde contre les dangers de cette idéologie.

Également cofondateur de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, Xavier-Laurent Salvador partage son analyse dans une tribune au Figaro, dénonçant en particulier la diffusion de l’idéologie woke dans les universités françaises : « Sous l’appellation “wokisme” se cache le phénomène de pénétration des théories critiques de la race et du genre dans l’université. Et ce, notamment dans des disciplines où ces notions ne devraient pas avoir pignon sur rue, comme (...) la littérature, la linguistique, l’histoire et la géographie, mais aussi les sciences dures. »

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“Déconstruction”, “privilège blanc”... : pour le spécialiste de la langue française, « Ces expressions simples qualifient des concepts ayant l’air d’être très profonds. Mais en réalité, ces dernières permettent aux chercheurs de s’économiser une pensée trop complexe. Cela aboutit à faire des théories “woke” des clés de lecture pour d’autres disciplines ».

« À partir du moment où le wokisme fournit des mots-clés qui fonctionnent comme des signaux politiques, il crée un clivage entre ceux qui appartiennent à ce clan et ceux qui s’y opposent », explique-t-il.

Un autre point important développé par Xavier-Laurent Salvador : « Les idéologues “woke” sont les premiers à garnir leurs textes d’illusions argumentatives, de mots savants que le grand public ne comprend pas. Cette rhétorique, qui vise à mimer le discours scientifique, est évidemment dangereuse. C’est le principe-même du sophisme. »

« Et sous couvert de parole savante, il y a en réalité une parole politique qui mène droit sur une pente extrêmement glissante. À partir du moment où le “wokisme” fournit des mots-clés qui fonctionnent comme des signaux politiques, il existe un moyen de créer un clivage entre ceux qui appartiennent à ce clan et ceux qui s’y opposent. »

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L’auteur de la tribune prend ensuite l’exemple de l’écriture inclusive : pour lui, il s’agit d’« un signal militant et politique qui instrumentalise l’orthographe parce que des gens ont décidé que la langue leur appartenait. (...) En somme, ils font de la langue un outil clivant, au service d’une idéologie qui force les individus à se positionner dans le camp du bien ou dans celui des damnés. »

De plus, « les promoteurs du “wokisme” croient en une espèce de magie de la langue. Ils pensent que ce qu’ils disent va advenir et ce qu’ils pensent peut advenir à partir du moment où ils le formulent. Ils ont en réalité peur de la langue. Ils lui ôtent donc sa capacité à sortir d’un autre régime que le régime politique. En ce sens, leur vision du français s’oppose à la littérature et à la poésie. (...) »

Avec ces idéologues, le dialogue est rompu, affirme Xavier-Laurent Salvador, car « ils ont décidé d’être des acteurs politiques. »

« Avec eux, on ne peut pas lutter car le fondement de leur être repose sur leur adhésion à cette vision dévoyée de la science et de l’idéologie. Il est en revanche indispensable d’en discuter avec les jeunes étudiants, les adultes en devenir qui se questionnent sur la société de demain. C’est vital. On ne peut pas y renoncer », conclut-il avec force.

Source : https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/la-rhetorique-wokiste-est-dangereuse-20221204

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