Ainsi s’impose la dictature woke… - Photo© Canva
La féminisation des mots ou le délire du post-modernisme
Dans les colonnes du Figaro, le linguiste et professeur des universités, Jean Szlamowicz, tire la sonnette d’alarme à propos de la féminisation à outrance des mots comportant la racine « homme », ce qui n’a aucun sens selon lui.
Agrégé d’anglais et traducteur, il est également l’auteur d’une « petite grammaire du genre en français, où l’on étudie écriture inclusive, féminisation et autres stratégies militantes de la bien-pensance ».
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L’on connaît déjà l’écriture inclusive, qui fait des ravages au niveau de la grammaire.
Voici maintenant la lutte contre le « masculinisme » inhérent à la langue, comme si celle-ci n’était pas le produit d’un usage dont femmes et hommes sont conjointement les acteurs, s’insurge le normalien.
« Dernière fantaisie en date, on a pu lire des militants vouloir rendre un “femmage” à Agnès Varda pour contrer (...) un hommage jugé trop viril. L’irrationalité de tels propos est en soi intéressante pour l’analyse du discours: dans l’usage, le mot “hommage” ne fait pas référence à l’homme. Ce pseudo-féminisme invente du sexisme. C’est un coup de force symbolique qui n’a d’autre effet que de rendre la cause détestable par sa futilité », fustige M. Szlamowicz.
« Pire: cela constitue une intimidation sexiste qui tente de cliver la société pour créer deux camps opposés. (...) Autrement dit, elles produisent du patriarcat là où il n’y en a pas. Par ailleurs, ces revendications lexicales tournent à vide: qu’un mot possède la racine “homme” ne constitue en l’espèce aucune injustice à corriger », souligne-t-il avec raison.
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Le linguiste donne un autre exemple, source de débat aussi : « Que “patrie” et “Patricia” soient dérivés de pater n’en fait pourtant pas des mots “masculins” ou “masculinistes” - pas plus que matriciel n’a à voir avec la féminité. On parle de catachrèse pour les métaphores qui ne sont plus perçues comme telles (comme «un pied de lampe», ou dire que le soleil «se couche»): or, ici, on prend les catachrèses au pied de la lettre… mais seulement sur le sujet du sexe. Bref, on sexualise ainsi ce qui ne l’était pas ! »
En effet, explique-t-il, « Les mots changent de référent et leur étymologie est sans rapport avec ce qu’ils finissent par désigner. Par quel anachronisme voudrait-on réactiver des racines masculines pour y inventer des injustices? C’est une sélectivité perverse. »
« Comme l’écriture inclusive qui projette ses interprétations sur la grammaire (...), ces revendications sont des impostures linguistiques. Par un intellectualisme bas de plafond, un maniérisme qui détourne les connaissances objectives pour en faire des arguments arbitraires, ces attaques contre la langue ne reposent que sur des jeux de mots tirés par les cheveux. »
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Le spécialiste fait aussi remarquer que « (...) l’écriture inclusive ou la féminisation absurde des mots revendique une égalité qui n’est que statistique: à chaque mot “masculin” devrait correspondre un mot “féminin”. Mais les mots ne sont pas des personnes… Ce qui compte, c’est l’égalité juridique, professionnelle, politique, culturelle, pas le nombre de mots féminins ! »
« Une telle déréalisation fantasmatique du langage est l’un des traits du post-modernisme: on fait dire aux choses ce que l’on veut, en fonction de ses intérêts idéologiques. Quand on a décidé d’une grille de lecture du monde, tout est interprétable dans ce sens, en dépit de la réalité. On peut y lire un désir de défendre des causes: une fois qu’on est dans cette dynamique intellectuelle fermée, on ne peut qu’avoir raison, y compris dans son délire. Le problème de l’action sociale fondée sur le délire idéologique, c’est qu’on veut l’appliquer à tout le monde », conclut-il.
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