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TikTok et ses méfaits chez les plus jeunes
Dans un entretien au Figaro, Michel Desmurget, chercheur au CNRS et docteur en neurosciences alerte sur les effets négatifs des réseaux sociaux, en particulier TikTok, sur la jeunesse.
Il commence par rappeler que « les enfants européens passent sept à huit heures par jour devant les écrans. La version de TikTok que l'on a en Occident n'est absolument pas limitée, ni en termes de contenu, ni en termes de temps. »
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Or, explique-t-il, « Les réseaux sociaux ont des effets indirects, en prenant du temps sur d'autres activités, telles que le sommeil ou la lecture, qui est pourtant fondamentale dans le processus de développement du langage. On nous dit parfois que les jeunes lisent sur TikTok et Instagram, je n'en suis guère convaincu et le peu qu'ils lisent est à mille lieues de ce qu'apporterait même la lecture d'un piètre roman. »
De même, « Les conséquences sur les capacités langagières sont terribles. Et il y a des effets directs, comme sur l'attention, ces réseaux sont des sollicitations sensorielles permanentes. Ils sont également de gigantesques plateformes à créer des normes sociales, à imposer une pression terrible sur les adolescents. »
« Les réseaux sociaux s'appuient sur les failles internes les plus primitives de notre cerveau, développe le spécialiste. L'évolution a par exemple retenu l'importance de glaner un maximum d'informations dans notre environnement, et d'avoir des liens sociaux en grand nombre. Donc à chaque fois que l'on obtient une information sur TikTok, ou que l'on crée un nouveau lien sur Instagram, on reçoit un petit shoot de dopamine. (...) Ces plateformes jouent sur ces mécanismes et nous asservissent à travers eux. Et ces réseaux nous apprennent à être distraits, ce sont de véritables machines à structurer la distraction dans le cerveau. (...) »
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M. Desmurget donne un autre exemple : « C'est exactement pareil pour le digital dans l'éducation scolaire. On nous explique envers et contre tout qu'il faut investir massivement là-dedans, alors que de nombreuses études ont montré que plus les investissements dans le numérique à l'école augmentent, plus les résultats baissent. »
« Le décrochage du niveau scolaire, en langues, en mathématiques, en compétences verbales, et à l'écrit, est absolument monstrueux, alerte-t-il. L'élève moyen d'aujourd'hui a le même niveau que celui qu'on considérait être en extrême difficulté il y a 25 ans. Ça fait des années que l'on voit cela, et que les études montrent l'influence désastreuse des réseaux sociaux et du sur-usage du numérique, mais on laisse faire parce que quelques lobbyistes intéressés continuent leur propagande. »
« C'est consternant, il va falloir se réveiller un jour. Donnez une console de jeux-vidéos à un enfant dans un milieu favorisé, et à raison d'une demi-heure par jour, ses résultats scolaires vont chuter. Offrez un smartphone à un gamin, et en trois mois son système attentionnel est cuit. Les réseaux sociaux sont des usines à créer des distraits pathologiques », conclut-il gravement.
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