Dans la guerre des mots, «Woke» devient obsolète

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Dans la guerre des mots, «Woke» devient obsolète

Pour mener à bien une révolution, la gauche avait autrefois recours aux « masses ». Cette option n'est plus disponible. L'époque grisante des foules ouvrières est révolue depuis longtemps. La gauche s'est embourgeoisée. Elle se juche désormais dans les bureaux des entreprises et les groupes protégés.

Cependant, une arme puissante de l'arsenal gauchiste reste le dictionnaire. Les activistes inventent des mots et des expressions qui portent un poids révolutionnaire. Leur cause progresse en se cachant dans l'ambiguïté d'expressions qui peuvent être interprétées de nombreuses façons. Ces termes lourds de sens trouvent un écho dans les médias et la culture, qui les diffusent avec force. Ils contribuent à faire évoluer les mentalités en exerçant une pression pour être en conformité.

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La manipulation des mots

Le penseur catholique Plinio Corrêa de Oliveira a écrit un livre intitulé « Glissement idéologique subreptice et Dialogue, le dernier stratagème communiste pour conquérir l’opinion mondiale » qui analyse cette tactique et décrit le processus non visible de manipulation sémantique. Il montre comment la gauche emploie ce qu'il appelle des "mots talismaniques" pour changer les opinions et les mentalités des gens, surtout en période de peur et de crise.

Ces mots ont des significations légitimes mais flexibles qui peuvent être manipulées avec art pour évoquer une multitude d'émotions, de sympathies ou au contraire, de phobies. Les médias peuvent facilement les exploiter et appliquer des significations de plus en plus radicales à ces mots. En utilisant des mots comme la "paix", le "dialogue", la "diversité" ou l’"équité", l'opinion publique se déplace vers la gauche.

L'auteur explique la nécessité d'"exorciser" ces mots du pouvoir d'influence en les analysant et en exposant leurs fausses significations.

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Woke, l'adjectif

La gauche a utilisé cette tactique avec le mot "woke" (l'adjectif et non le passé de wake). Le sens original gauchiste de ce mot décrivait la conscience de l'existence des formes de racisme systémique dans la société. Une personne "éveillée" percevait presque instinctivement la prévalence de structures racistes partout. Ces personnes agissent sur la base de cette connaissance comme si elles se réveillaient d'un sommeil léthargique. Les "réveillés" sont le nouveau prolétariat, prêt à renverser un système décrépit qui ne veut pas se défendre.

Cependant, le terme "éveillé" a une multitude d'autres significations qui attirent les gens et les entraînent vers la gauche. Il véhicule un sentiment flou de compassion pour ceux qui souffrent. Le mot suggère à ceux qui s'identifient à lui qu'ils sont des individus engagés qui comprennent les autres. Le “woke” est une personne désintéressée, attentionnée et bienveillante. D'autre part, le mot jette une ombre menaçante sur tous ceux qui refusent de se mettre au diapason de sa révolution.

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L'exorcisme de « Woke »

« Woke » aurait probablement été un excellent mot talisman pour promouvoir la révolution sociale. Ses significations vagues et floues sont parfaites pour désarmer les gens centristes prêts à faire des compromis tout en inhibant et en paralysant ceux qui ne le sont pas.

Cependant, "woke" a subi le désastre de sa rencontre avec la théorie de la critique raciale. Alors que woke est vague et flou, la théorie de la critique raciale a un message de lutte des classes facile à discerner. La rencontre des deux a permis d'"exorciser" le “woke” de ses fausses significations et de révéler sa nature malveillante.

Ainsi, le terme "démasqué" a pris des connotations brutales. Il est devenu un acte d'accusation contre les non-éveillés. Il divise les eaux et condamne tous ceux qui n'acceptent pas le récit raciste systémique. L'épreuve décisive de l'état d'éveil a rapidement évoluée pour devenir l'application obsessionnelle et dure de l'agenda de la « Théorie de la critique raciale » (Critical Race Theory) gauchiste. Les activistes proclament que seuls les éveillés seront sauvés. Le terme "éveillé", qui signifiait à l'origine "éclairé" et "attentionné", est devenu arrogant et menaçant.

Une fois exposé comme subversif, le terme "woke" devient un handicap. Son insigne d'honneur est devenu une tâche ridicule. La bombe sémantique qui semblait si puissante il y a quelques années s'est retournée contre elle-même. Il n'est plus à la mode d'être réveillé.

La gauche quitte le navire pour abandonner le mot. Woke rejoindra bientôt d'autres mots dans le cimetière gauchiste des termes épuisés qui incluent le politiquement correct, le mot libéral, l'autogestion, le socialiste et le communiste. Tous ces mots étaient autrefois portés fièrement par les militants de gauche, mais ils sont désormais enterrés et oubliés.

Utiliser les mots comme armes

La gauche a toujours manipulé le sens des mots pour favoriser ses récits de lutte des classes. En effet, elle a besoin d'utiliser cette manœuvre parce que ses objectifs finaux d'égalitarisme, de collectivisme et d'athéisme n'attirent pas naturellement les masses (ni personne d'ailleurs). L'histoire de la gauche a été un effort constant pour déguiser ses objectifs et cacher ses agendas en utilisant des tactiques comme la manipulation des mots pour tromper un public peu méfiant.

Le rôle de ceux qui défendent l'ordre chrétien est d'exposer les fausses significations et les faux récits de la guerre sémantique de la gauche. À son tour, la droite ne doit jamais cacher ses objectifs et son programme. En effet, la poursuite du bien, du vrai et du beau attire naturellement les gens vers un Dieu d'amour.

Source : https://www.tfp.org/in-the-war-of-the-words-woke-goes-rogue/

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