Assemblée nationale : ce que cache la cravate…

Montre-moi comment tu t’habilles et je te dirai … Photo© Shutterstock

Assemblée nationale : ce que cache la cravate…

Depuis leur élection en juin dernier, les députés de la France Insoumise ont transformé l’Assemblée nationale en un champ de foire et d’invectives qui rappelle, la gravité en moins, les débuts de la Convention.

L’histoire se répète toujours au moins deux fois, « la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce », prétendait Karl Marx, qui a donc été entendu par ses lointains héritiers.

>>> LIVRE GRATUIT Révolution et Contre-Révolution : une analyse sur la crise du 21éme siècle. Commandez-le ici.

Dernière facétie des députés d’extrême-gauche : refuser de porter la cravate dans l’hémicycle. « Il y a eu dans cette Assemblée des sans-culottes, il y a dorénavant des sans-cravates », plastronnait déjà Jean-Luc Mélenchon au début de la précédente législature. Ce faisant, le tribun de Marseille faisait mine d’ignorer que Robespierre portait lui, la culotte, et que c’étaient ses nervis, nullement députés, qui, eux, s’en abstenaient, lui préférant le pantalon à rayures.

Poussant la provocation un peu plus loin, les députés Boyard et Le Gayic se sont présentés à la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée, l’un en bras de chemise, l’autre, sandales aux pieds. Les nouvelles « tricoteuses » ne sont pas en reste. Elles ont ridiculisé la proposition du député Éric Ciotti de rendre obligatoire le port de la cravate pour ses collègues masculins, en nouant autour de leur cou le tissu de la discorde.

Pitoyable pantalonnade d’une gauche avide d’attention, serait-on tenté de conclure… Pourtant, derrière la cravate, se cache une confrontation qui mérite un peu de sérieux.

RÉVOLUTION ET  CONTRE-RÉVOLUTION

Ouvrier « endimanché » et député en tongs

En vérité, le rejet de la cravate, n’est pas propre aux révolutionnaires de carnaval qui confondent Parlement et Cirque Pinder. Cela fait déjà quelque temps, qu’élus, personnalités, journalistes et chefs d’entreprise laissent cet accessoire, autrefois indispensable, au placard.

L’ancien président américain Barack Obama, le milliardaire Bill Gates et même le prince William, héritier du trône d’Angleterre, apparaissent régulièrement vêtus d’une chemise blanche, le col déboutonné. Et que dire de la plupart des médecins, notaires, professeurs et autres notables qui, il y a encore quelques décennies, arboraient systématiquement la cravate dans l’exercice de leurs fonctions ?

>>> LIVRE GRATUIT Révolution et Contre-Révolution : une analyse sur la crise du 21éme siècle. Commandez-le ici.

Il est vrai que même les classes populaires portaient, jadis, le costume aux grandes occasions, en tout premier lieu pour assister à la messe dominicale. On parlait alors de s’« endimancher »…

Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas trompé : la cravate s’estompe aujourd’hui, comme la culotte hier. Et demain, il se pourrait bien que, dans les travées de l’Assemblée nationale, le pantalon laisse place au bermuda et les souliers vernis aux tongs.

RÉVOLUTION ET  CONTRE-RÉVOLUTION

Pluralité de modes, unicité de direction

Les révolutions sont aisément identifiables quand elles consistent en de violentes convulsions politiques. On les remarque également quand elles prennent la forme d’idées nouvelles. Curieusement, on les ignore davantage quand elles avancent par le truchement des mœurs, et notamment des modes vestimentaires… Pourtant, que serait la révolution sexuelle et libertaire des années 1970 sans l’usage de la minijupe chez les jeunes filles et le port des cheveux longs chez les jeunes gens ?

Les modes vestimentaires sont certes changeantes, mais depuis les Sans-Culottes, il est indéniable qu’elles s’inscrivent dans un processus à sens unique : celui d’une fonctionnalité croissante dont la principale conséquence est d’annihiler les différences sociales, sexuelles et culturelles entre les hommes et les peuples. Autrement dit, d’imposer l’égalité.

>>> LIVRE GRATUIT Révolution et Contre-Révolution : une analyse sur la crise du 21éme siècle. Commandez-le ici.

Le vêtement, manifestation de la vertu

« C'est l'ordre naturel des choses que l'homme reflète son âme dans sa physionomie, dans sa voix, dans son attitude, dans ses mouvements. Et comme le costume doit recouvrir le corps humain, il est naturel que l'homme l'utilise aussi comme élément d'expression. D'autant plus que le costume s'y prête parfaitement », écrivait l’intellectuel et militant catholique Plinio Corrêa de Oliveira (1908-1995).

Qu’est-ce que l’homme d’autrefois – l’homme traditionnel, pourrait-on dire – exprimait à travers son vêtement ?

>>> LIVRE GRATUIT Révolution et Contre-Révolution : une analyse sur la crise du 21éme siècle. Commandez-le ici.

En premier lieu, sa dignité d’enfant de Dieu, rachetée par le baptême. « Le corps est le temple de l’Esprit-Saint », dit l’Écriture.

Durant l’Antiquité païenne, les esclaves employés aux travaux les plus durs, allaient demi-nus, simplement couverts par un pagne. A contrario les paysans de l’Ancien Régime, comme l’ouvrier du siècle dernier, étaient vêtus simplement, mais décemment et, si cela leur était possible, joliment.

En somme, leurs vêtements ne sacrifiaient jamais totalement à la fonctionnalité. Ceci était plus vrai pour les femmes, bien sûr. Jusqu’à il y a peu, le vêtement féminin exprimait la vertu de celle qui le portait, en plus de mettre en valeur la beauté de celle qu’il couvrait.

On saisit, non sans vertige, l’étendue de la rupture opérée par la modernité, en songeant que les vêtements portés par la plupart des jeunes femmes occidentales depuis les années 1970 n’auraient pas même été autorisés pour les prostituées des générations précédentes.

RÉVOLUTION ET  CONTRE-RÉVOLUTION

Corps moderne et costume d’apparat

Le vêtement exprimait aussi la fonction sociale de son propriétaire. On ne s’habillait pas de la même façon selon que l’on était prince, soldat, prêtre, marchand ou paysan.

Le monde moderne y voit un « péché » contre l’égalité. Le monde ancien y voyait une harmonieuse diversité, reflétant les inégalités naturelles voulues par Dieu. Chacun se conformait à la place que la Divine Providence lui avait réservée et la lourde tunique d’apparat du monarque n’était pas plus aisée à porter que le tablier rugueux du forgeron.

>>> LIVRE GRATUIT Révolution et Contre-Révolution : une analyse sur la crise du 21éme siècle. Commandez-le ici.

Qu’est-ce que l’homme moderne exprime, quant à lui, par sa façon de s’habiller ? Son refus de toute contrainte et sa haine pour toute forme de hiérarchie. Il se veut « libre », « informel », « spontané ». Sa prétention à se suffire à lui-même se reflète dans son habillement : il veut porter ce que lui seul a choisi et non ce que la tradition lui impose.

Voilà que l’instinct prend à nouveau le pas sur la raison : derrière l’homme « libéré » de toute contrainte et de tout héritage se profile l’animalité du sauvage.

La pudeur d’un châle, les boutons d’un uniforme militaire et maintenant le nœud d’une cravate sont insupportables au corps moderne. Ils lui rappellent le sacrifice, la pureté, la dignité : autant de biens qui mènent au Ciel, mais ne permettent pas de jouir hic et nunc de cette Terre, dont la plupart de nos contemporains ont fait leur unique horizon.

Montre-moi comment tu t’habilles et je te dirai …

RÉVOLUTION ET  CONTRE-RÉVOLUTION