Patrimoine : la France s’écroule

Rocamadour, France - Photo© Shutterstock

Patrimoine : la France s’écroule

Le 6 juillet 2022, un éclair s’est abattu simultanément sur des milliers de clochers. Le verdict du rapport parlementaire dirigé par le sénateur communiste des Hauts-de-France, Pierre Ouzoulias, et la sénatrice de centre-droit de l’Ardèche, Anne Ventalon, est sans appel : entre 2500 et 5000 églises françaises pourraient disparaître à tout jamais, avant 2030. Le phénomène qui a commencé il y a quelques décennies s’accentue donc brutalement.

Les amoureux du patrimoine, et les chrétiens, ont encore en mémoire le sort réservé à la chapelle Saint-Joseph de Lille. Ce superbe édifice de style néo-byzantin, bâti en 1887, a été réduit à l’état de gravats avec la complicité du diocèse afin de laisser place à un immeuble sans âme où sont dispensés des cours aux futurs ingénieurs de l’Université catholique de Lille.

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Si la construction ne bénéficiait pas de la protection réservée aux monuments historiques, elle était néanmoins reconnue pour ses qualités esthétiques indiscutables, l’historien de l’art Didier Rykner n’hésitant pas à lui attribuer une « allure de Sainte Chapelle ».

Malgré les vives protestations d’éminentes personnalités, les mâchoires des pelleteuses ont eu raison des voûtes sacrées. Le caractère exceptionnel de cet attentat contre le patrimoine provoqua la stupeur. L’effarement laissera-t-il place à la mobilisation unanime des fidèles maintenant que ce sont des milliers d’églises qui sont menacées de destruction ?

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La grande pitié des églises de France

Hélas, la démolition n’est pas la seule menace pesant sur nos églises : certaines sont vendues, puis transformées en hôtels, en restaurants ou même en boîtes de nuit !

Ainsi à Angers, le K9 est un bar-discothèque qui a pris place dans une église néo-gothique. Les fêtards viennent s’y déhancher au son de la musique techno. A Dijon, le maire socialiste François Rebsamen souhaite transformer la chapelle de l’hôpital général en une « vinothèque ». Or, cet édifice fait partie de l’histoire locale depuis l’époque médiévale.

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L’ancien archevêque, Mgr Minnerath, avait fait part de ses réticences dans un communiqué publié sur le site internet de son diocèse : « Cette chapelle a été construite sur le lieu d’une salle des malades au XVIe siècle. Des milliers de Dijonnais y ont prié pour leurs malades et y ont pleuré leurs morts (…) N’y aurait-il donc pas d’autres lieux pour développer une activité commerciale ? »

En juin 2015, Dalil Boubakeur, alors recteur de la grande mosquée de Paris, avait défrayé la chronique en suggérant de transformer les églises privées de fidèles en lieux de cultes musulmans, validant, malgré lui, la prophétie de Chateaubriand : « Chassez le christianisme et vous aurez l’islam. »

A l’aube du vingtième siècle, Maurice Barrès déplorait la grande pitié des églises de France. Un siècle plus tard, l’angoisse a succédé à la pitié : et si ce blanc manteau qui couvrit autrefois notre pays, selon les paroles célèbres de Raoul Glaber, devenait son linceul ?

Le christianisme est la pierre angulaire de la France, chaque église qui s’effondre emporte dans sa poussière un peu de l’âme française. Demain, la force tranquille de nos clochers, si habilement récupérée en son temps par François Mitterrand, laissera-t-elle place à l’ombre menaçante des minarets ?

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Châteaux en décrépitude

A l’abandon des églises, s’ajoute la décrépitude des châteaux, dont la solennité répond, dans l’ordre temporel, à celle des églises, dans l’ordre spirituel.

« De nombreux petits joyaux sont à l’abandon, en pleine déréliction », met en garde Valeurs Actuelles dans une article publier le 21 juillet.

L’hebdomadaire donne pour exemple le château de Lévis, dans l’Allier. Bien qu’il fût construit sous le règne de Louis XIV, il n’est pas classé monument historique. Aujourd’hui, son propriétaire n’y habite plus et la bâtisse s’écroule, faute de moyens mis dans sa réparation.

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En 2013, l’édifice a été fermé au public. « Le château, autrefois habité par des familles nobles, est aujourd’hui en proie aux vols et s’effondre sur lui-même. Il a complètement été pillé, des gens venaient même prendre les radiateurs en fonte », se désole le maire de Lurcy-Lévis.

Même scénario pour le château de Rocamadour, dans le Lot, qui surplombe le célèbre sanctuaire. L’intérieur de la bâtisse menace ruine : murs qui s’effritent, trous dans les planchers…

Le recteur du sanctuaire, le père Florent Millet témoigne auprès de Valeurs Actuelles : « À peine nommé ici, j’ai été saisi par l’état calamiteux du château. Il y avait notamment des cordons de termites un peu partout. Une entreprise est venue traiter mais les dégâts sont considérables. Par ailleurs, la foudre nous a frappés à deux reprises l’été dernier, tout a sauté et nous n’avons jamais récupéré l’électricité. »

Ces exemples ne sont hélas que quelques-uns parmi des centaines… Si bien souvent les moyens manquent, il est indéniable que l’absence d’intérêt y est parfois aussi pour beaucoup dans cet effondrement.

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Nombreux, parmi la nouvelle génération d’héritiers, sont ceux qui préfèrent s’offrir un voilier plutôt que d’investir dans une nouvelle toiture pour la demeure qu’ils ont reçue de leurs ancêtres. Quant aux élus locaux, ils ont souvent bien du mal à faire accepter par leurs administrés qu’une partie du budget de leur collectivité soit attribuée à la restauration d’édifices qui, pour eux, ont perdu toute signification.

« Depuis la fin de la monarchie, la déchristianisation de la France et l’exode rural massif, les églises et les châteaux ne servent presque plus à rien. On a perdu le sens de ces bâtiments, le pourquoi on les avait construits », déplore Amaury Gomart, président de l’association de restauration patrimoniale Arcade. L’effondrement de la transmission, précède celui des pierres.

Quelle image plus représentative que celle de l’incendie de Notre-Dame de Paris pour illustrer l’effondrement brutal de la France charnelle ?

La mutilation des églises et l’abandon des châteaux rappellent immanquablement la Révolution, quand les Sans-Culottes prenaient d’assauts demeures ancestrales et sanctuaires, mutilant les statues et fondant les cloches des églises pour en faire des canons.

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Deux siècles plus tard, avec une efficacité aussi redoutable que la rage, l’indifférence ronge notre héritage. Les fossoyeurs de la France chrétienne auraient pourtant tort de croire en la victoire. Contrairement aux pavés du Colisée ou aux briques des pyramides de Louxor, les pierres de nos édifices sacrés, consacrés à Dieu, ont une âme.

« Quand j’étais encore très jeune, j’ai considéré avec amour et vénération les ruines de la Chrétienté. C’est à elles que j’ai donné mon cœur. J’ai tourné le dos à mon avenir et j’ai fait de ce passé, comblé de bénédictions, mon Avenir », écrivait Plinio Correa de Oliveira, l’intellectuel et militant catholique brésilien qui inspira la fondation d’Avenir de la Culture.

Puissent les Français renouer avec ce passé comblé de bénédictions et des ruines surgiront alors les splendeurs qui ont suscité l’admiration des hommes du monde entier.

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