Photo - Abaya – Image d’Elena Mansur via Pixabay
Abaya : communautarisme islamiste croissant
Dans une tribune publiée dans les colonnes du Figaro le six septembre dernier, Luc Ferry, docteur en science politique et professeur de philosophie, revient sur le port de l'abaya, qui a quelque peu perturbé la rentrée scolaire.
« Rappelons d’abord le contexte, car c’est peut-être bien l’essentiel dans cette affaire : depuis l’ignoble assassinat de Samuel Paty, les atteintes à la laïcité dans le cadre scolaire ont, selon une note du ministère, augmenté de 120 % ! Il est donc assez difficile de nier que le communautarisme islamiste se développe dans notre pays, qu’il gagne du terrain dans les quartiers comme chez les jeunes, et qu’il cherche par tous les moyens à tester les capacités de résistance de la République », commence-t-il.
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« Si nous étions dans une situation différente, si nous n’avions pas présents à l’esprit les assassinats des journalistes de Charlie Hebdo, du père Hamel, de Samuel Paty (...), les meurtres atroces commis à Nice et au Bataclan, si nous n’assistions pas, sidérés, au massacre des femmes en Afghanistan, il est clair que le port des abayas pourrait à la limite n’apparaître que comme un signe un peu exotique d’attachement à une tradition.
« Reste que pour toute personne de bonne foi, dans le contexte que je viens d’évoquer, ce n’est pas le cas, qu’il s’agit bel et bien d’un signe politico-religieux », martèle l’essayiste.
« Comme le savent et le disent tous les spécialistes de l’islam, il s’agit bel et bien d’un vêtement prescrit par le wahhabisme, en particulier en Arabie saoudite, destiné à couvrir entièrement le corps des femmes afin d’ôter tout ce que la féminité pourrait avoir de séduisant pour les hommes, ce qui explique au passage que dans leurs versions les plus religieuses, les abayas s’abstiennent de recourir à des couleurs vives, considérées comme trop sensuelles, pour se contenter du noir et du beige plus sérieux, pour ne pas dire plus sinistres », explique-t-il.
L’ancien ministre de l’Education nationale rappelle que « le port de ces accoutrements religieux est contraire à la loi de 2004 qui interdit explicitement les signes politico-religieux ostensibles à l’école », loi qui fut rédigée au sein de son ministère et par son conseiller juridique.
Il insiste sur le fait que la loi « devait seulement prohiber les signes agressifs dits “ostensibles” » : « (...) je ne voulais pas (…) que l’on stigmatisât de manière globale toute expression d’une appartenance religieuse du moment qu’elle ne troublait pas l’ordre public et n’agressait personne. (...) Pourquoi, en effet, interdire une petite croix, une étoile de David ou une main de fatma portées en toute discrétion, ou pire encore, pourquoi empêcher un élève d’exprimer ses croyances dans un cours d’éducation civique ou dans une dissertation du moment qu’il le fait sans agressivité ni prosélytisme ? »
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Luc Ferry précise : « Nous voulions donc une loi équilibrée, qui mette un coup d’arrêt au fanatisme sans stigmatiser pour autant les convictions personnelles, qu’elles fussent celles des juifs, des musulmans ou des chrétiens. Ce n’est hélas pas le cas de ces abayas qui, de toute évidence, sont destinées à tester le courage de nos autorités. (...) »
Et de conclure avec une grande justesse : « Quand des femmes meurent sous les coups des talibans pour avoir le droit de se débarrasser de ces oripeaux religieux, il serait quand même paradoxal que le pays des droits de l’homme, de la laïcité, des Lumières et de l’émancipation des femmes en encourage le port, non par une saine tolérance, mais en réalité par pure lâcheté ! »
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