Immigration : le modèle australien

Photo : Drapeau Australie. Image de jorono par Pixabay

Immigration : le modèle australien

Pierre-Marie Sève, directeur de l'Institut pour la Justice - association œuvrant à une réforme de la Justice et à la lutte contre la criminalité - estime que l’exemple de l’Australie en matière de contrôle de l’immigration clandestine pourrait être de grande utilité dans la crise que traverse l’Europe actuellement.

Il expose longuement ses raisons dans une tribune publiée dans les colonnes du Figaro.

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« Une mer à traverser, des milliers de migrants venus de pays en développement, des trafiquants d'êtres humains sans foi ni loi: voici une situation qui semble toute familière aux Européens depuis quelques années et qui semble parfois insoluble. C'est également la situation qu'a connue l'Australie en 2001. Pourtant, dans ce cas précis, l'Australie a réussi à pratiquement éradiquer toute immigration illégale grâce à un modèle ambitieux, iconoclaste et controversé. Sa ligne dure fait désormais figure de modèle », introduit le directeur de l’IPJ.

Et de raconter en détail : « Tout a commencé en septembre 2001 lorsqu'un signal de détresse est détecté au large de l'Indonésie. Un bateau cargo norvégien répond à l'appel et embarque à son bord 400 réfugiés qui se trouvaient sur un navire de pêcheurs, principalement des hommes afghans. Alors que le navire met le cap sur l'Indonésie voisine, une délégation de réfugiés se rend dans la cabine du capitaine et le convainc de plutôt rejoindre l'Australie, qui possède non loin de là une minuscule île, l'île Christmas. »

« Le capitaine norvégien accepte et demande aux autorités australiennes l'accès au port. Et c'est là, avec le refus des autorités australiennes, que l'affaire “Tampa” commence. Grâce aux médias, le public australien assiste, pendant plus d'une semaine, au bras de fer entre le gouvernement australien et l'équipage du Tampa. John Howard, le premier ministre libéral refuse toute concession, malgré un flot quasi unanime de critiques du monde entier. Sa ligne est résumée par ces mots qu'il prononce à la télévision: “Nous déciderons qui entrera en Australie et dans quelles circonstances”. »

« Après huit jours de tensions, le capitaine du navire déclare l'état d'urgence et entre illégalement dans les eaux territoriales australiennes. Les forces spéciales australiennes sont alors immédiatement lancées pour aborder le bateau et elles en prennent le contrôle sans résistance. Dans la foulée, les migrants sont transférés dans des centres de rétention, sur le petit État souverain de Nauru, lequel est largement subventionné par l'Australie pour l'occasion. Toute cette affaire pose les prémices opérationnelles et idéologiques de la “Pacific Solution”, la méthode anti-immigration illégale à l'australienne. Dans les heures qui suivent l'affaire Tampa, le parlement australien fait voter un projet de loi anti-immigration illégale qui se décompose en deux parties. »

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Désormais, « D'un point de vue très concret, chaque bateau de migrants détecté est intercepté, puis transféré dans des centres de détention: Nauru, Papouasie-Nouvelle-Guinée ou l'île Christmas, des territoires à l'écart du continent australien. Si une minorité obtient finalement le droit de s'installer en Australie, la majorité retourne dans son pays d'origine. Et la dissuasion fonctionne. L'année suivant la mise en place de cette opération, on enregistre une seule arrivée illégale par bateau. Moins de 500 arrivées illégales sont enregistrées sur les sept années suivantes. »

En Europe, « (...) c'est surtout du nord que pourrait venir le changement de paradigme. La Suède et le Danemark ont désormais une position clairement anti-immigration et, à la différence de la France, ils semblent bien décidés à la concrétiser. Si l'Europe du Sud ne parvient pas à endiguer le flot de migrants illégaux, il se pourrait tout à fait que ces deux pays ferment leurs frontières, eux qui l'ont déjà fait par le passé, entraînant un effet de cascade jusqu'au sud de l'Europe », avertit M. Sève.

« Cette hypothèse est loin d'être folle (...). Reste maintenant à savoir combien de dégâts à leur système social les États européens sont prêts à endurer avant de faire enfin respecter le droit », conclut-il si justement.

Source : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/pourquoi-l-europe-doit-s-inspirer-du-modele-australien-contre-l-immigration-illegale-20230724

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