Photo : Black Lives Matter protest - Fibonacci Blue from Minnesota, USA, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
Woke : une réponse chrétienne à l'idéologie à la mode
“Le Dogme Woke" (“The Woke Dogma”) : l'auteur de ce nouvel ouvrage, l'Américaine Noelle Mering, se livre à une analyse pointue de l'idéologie woke, dépassant l'anecdote pour pénétrer les implications anthropologiques et morales profondes et souvent dérangeantes de ce mouvement.
Ces derniers temps, peu de concepts ont fait irruption dans le domaine des idées avec autant de force que le terme woke. Apparu en Amérique du Nord il y a quelques années dans le contexte du mouvement Black Lives Matter, le mot est souvent utilisé pour faire référence à la nécessité de “se réveiller” à la réalité de la discrimination commodément passée sous silence que de nombreuses minorités ont subie au cours des dernières décennies, voire des derniers siècles.
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Ce mouvement, qui a apporté avec lui la tristement célèbre culture de l'annulation
(cancel culture) mélange la revendication juste et bien intentionnée face à la discrimination dont souffrent certains groupes avec une série d'idées de la gauche culturelle qui visent à renverser le système de croyances et de valeurs dit "traditionnel". En réaction à cette affirmation, le monde conservateur a produit divers écrits dénonçant les excès du mouvement woke, en particulier son effort tenace et souvent violent pour tenter de faire taire toute déclaration contraire à ses postulats.
L'un des essais les plus récents à cet égard est “The Woke Dogma” de Noelle Mering. Cette penseuse de renom y analyse avec acuité l'idéologie Woke, allant au-delà de l'anecdote pour pénétrer les implications anthropologiques et morales profondes et souvent dérangeantes de ce mouvement.
Le livre de Mering est divisé en quatre parties : les origines, les dogmes, l'endoctrinement et la restauration. Certes, l'essai manque d'un fil narratif facile à suivre en raison des digressions constantes que l'auteur introduit dans le récit. Toutefois, il convient de noter qu'il ne s'agit pas de digressions gratuites, mais plutôt d'explications et d'exemples de grand intérêt qui offrent au lecteur des pistes de réflexion.
En ce sens, il convient de souligner que “Le Dogme Woke” contient des moments brillants, dans lesquels l'auteur réfute certaines des idées les plus éculées du mouvement avec une acuité particulière. De même, l'explication du contexte philosophique du mouvement Woke est aussi compréhensible que précise, soulignant le remplacement de la raison et de la réalité par la volonté, nouvelle déesse de cette idéologie postmoderne.
D'autre part, en plus d'analyser les différents piliers de l'idéologie Woke, Mering entrelace la réponse à chacun d'entre eux d'un point de vue chrétien. En ce sens, il convient de noter que l'une des plus grandes réussites du livre réside précisément dans la manière proactive dont Mering présente la réplique chrétienne. Dès le début du livre, l'auteur indique clairement que son idée est d'éviter la confrontation typique de l'idéologie woke et de présenter au contraire un pont de communication par les mots qui, en fuyant la guerre culturelle aristocratique, nous permet de mieux comprendre le monde en nous et autour de nous et, à partir de là, de parvenir à une compréhension avec l'autre.
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Ainsi, face à la polarisation et à la méfiance constantes provoquées par le courant woke, Mering nous montre le christianisme comme un message d'union et de foi, qui présente un panorama beaucoup plus porteur d'espoir et de conciliation que le monde sombre et caïnite auquel la spirale woke finit par nous conduire. De même, face à la victimisation constante que cette idéologie encourage - et dont l'expression ultime se trouve dans les réseaux sociaux - le christianisme propose, en premier lieu, la nécessité d'un examen de conscience, qui doit précéder toute perception de soi en tant que victime, et, en dernier lieu, la charité, qui pourrait bien être considérée comme la vertu chrétienne par excellence.
À la fin de l'ouvrage, Noelle Mering introduit une thèse finale qui est le point culminant de tout son travail d'argumentation : la revendication de la famille chrétienne comme la meilleure réponse et proposition face à l'idéologie Woke. Selon cette idée, chacun des trois dogmes woke - langage de la personne, rejet de la raison et mépris de l'autorité - trouve son contrepoint dans la famille chrétienne. Dans celle-ci, chaque personne est respectée et aimée telle qu'elle est, et l'ordre et la raison sont transmis par l'affection, la culture des vertus et la sagesse afin de maintenir les limites et de favoriser l'amour du bien.
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