Une décision de la Cour de Cassation encourage l’immigration clandestine

Une décision de la Cour de Cassation encourage l’immigration clandestine

Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) et membre expert de l'OSCE, s’est exprimé dans un entretien au Figaro le 17 décembre 2018 suite à la décision de la Cour de cassation d’étendre l'immunité pénale accordée aux personnes qui aident les étrangers en situation irrégulière.

Cette nouvelle directive consiste à exempter de toute poursuite pénale les personnes ayant aidé «à la circulation et au séjour irréguliers» d'un étranger, dès lors que l'acte reproché n'a donné lieu à «aucune contrepartie» et qu'il est réalisé «dans un but exclusivement humanitaire». Le droit nouveau étend l'immunité à la circulation (et non plus seulement au séjour), ainsi qu'à toute personne et en toutes circonstances, au nom de la simple solidarité humaine: la fraternité.

Monsieur Puppinck s’insurge : « Alors que le XXIe siècle s'annonce comme celui de la globalisation et des migrations, cette décision est irresponsable, voire suicidaire, pour le contrôle de l'immigration : elle donne carte blanche aux associations désireuses de faciliter l'immigration clandestine, au nom des grandes valeurs de la République. (…) la Cour de cassation est allée, ce 13 décembre, plus loin encore puisqu'elle a annulé la condamnation de Cédric Herrou alors même que celui-ci n'avait pas seulement aidé au séjour irrégulier, mais qu'il reconnaît aussi avoir fait entrer irrégulièrement environ 200 migrants d'Italie en France.»

Comme l'écrivait G. K. Chesterton dans Orthodoxie, dès 1908, «Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles. Elles sont devenues folles, parce qu'isolées l'une de l'autre et parce qu'elles vagabondent toutes seules.» « Le fait est que nous mélangeons la justice et la morale, pire encore, nous invoquons la solidarité - qui est le nom sécularisé de la charité - contre la justice et le bien commun. Nous faisons passer les sentiments avant le bien commun », renchérit le docteur en droit.

Il s’alarme : « Le bien commun du peuple français n'est plus compris ; il est tout au plus réduit aux seuls aspects socio-économiques, comme si les Français ne partageaient, sur un territoire donné, que les services publics et la dette. C'est toute la dimension culturelle de notre bien commun qui est négligée ; elle est pourtant la véritable tradition qui transmet le patrimoine vivant de la France au fil des générations. Elle est notre véritable nationalité, constituée d'abord d'usages et de mœurs devenus naturels aux Français, tant ils sont enracinés dans notre culture. »

«Contrairement à ce que l'on entend beaucoup, ce désordre universaliste n'est pas chrétien. Au contraire. Certes, l'Église catholique enseigne avec raison que les exigences de la charité dépassent celles de la justice, mais elle précise aussitôt que la charité ne doit pas s'exercer contre la justice. La charité doit être ordonnée au bien commun, du plus proche au plus éloigné, si bien que l'on ne saurait, sans commettre d'injustice, aider son voisin aux dépens de ses enfants, ou des étrangers aux dépens de ses concitoyens, fut-ce au nom de la fraternité. En un mot : « charité bien ordonnée commence par soi-même », conclut-il avec sagesse.

Nathalie Burckhardt

Photo : Grégor Puppinck – Capture d'ecran Youtube
Source : Grégor Puppinck : « Quand la justice fait passer les sentiments avant le bien commun »