Solignac : un nouveau prieuré en terre hostile

Solignac : un nouveau prieuré en terre hostile

Les dix moines bénédictins sont arrivés en novembre dernier dans ce village de 1600 habitants près de Limoges, pour fonder le prieuré Saint-Joseph en l’abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul.

Il s’agit d’un « projet hardi », selon leurs propres mots car ils n’arrivent pas en terrain conquis, loin de là. Ils ont même été accueillis à leur arrivée par un concert de casseroles ! Une charmante réception organisée par le collectif «Soli Niaque», qui dénonce « l’arrivée à Solignac du fondamentalisme chrétien, du repli sur soi et de tout son cortège d’adorateurs que compte l’extrême droite traditionaliste », et dont la pétition aurait recueilli 850 signatures.

Jacques Merzeau, fondateur de ce collectif d’« une quinzaine de membres », proteste : « Aujourd’hui on a affaire à des moines costumés avec des capuchons sur la tête, qui veulent vivre clôturés ! (...) »

A l’instar de Noëlle Gilquin, présidente d’une association patrimoniale et culturelle : « Là où on a un problème, c’est leur mainmise sur notre église paroissiale. Nous, on souhaitait des moines amis, pas des moines conquérants ! Cette église, c’est là où on a enterré la grand-mère, baptisé le petit, où j’ai fait ma première communion, là où on vient se marier de tout le Limousin. Et voilà que tout est fini ! L’église sera réservée aux Solignacois, le samedi entre 15 heures et 17 heures ! (...) »

Ancienne maire du village voisin du Vigen, Jeanne Leybros « vit cela comme une intrusion » : « les messes en latin, c’est réservé à une certaine catégorie de la population ; ceux qui ont fait des études », affirme-t-elle avec dépit.

Quant à l’évêque de Limoges, Mgr Pierre-Antoine Bozo, bien au contraire, il se réjouit profondément de la présence des moines : à l’heure où « la tendance est davantage à la fermeture des monastères qu’à leur fondation, chacun, croyant ou non, peut se sentir fier. La vie bénédictine, initiée en ce lieu par saint Éloi en 638, interrompue par la Révolution française, y reprendra donc. »

Jusqu’à présent, les religieux ont « tendu l’autre joue ». Désormais, les moines de Solignac comptent bien « comme Jésus, dire la vérité aux pharisiens ».

Le prieur de l’abbaye, le père Benoît Joseph se montre enthousiaste : « On va retrouver une vie paroissiale. Les cloches vont juste sonner une demi-heure plus tôt le dimanche, pour l’office de 10 h 30. La messe est en latin? Mais les lectures et l’homélie sont en français, et des feuillets peuvent aider les paroissiens à suivre. C’est une liturgie magnifique ; il faut redonner aux gens le goût du beau! (...) »

L’abbatiale ouvrant désormais dès 5 heures 25 du matin, avec les vigiles, « les gens auront encore plus de temps pour la visiter. Avec, en prime, un concert de chants grégoriens toute la journée », conclut Mgr Bozo. Une bonne nouvelle d’un retour à la tradition.

Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-defi-hardi-des-dix-moines-de-solignac-20220123

Source photo : par Tama66 de Pixabay