Le Centre Pompidou - Photo© Flickr
Pourquoi la France s’enlaidit ?
La France s’enlaidit. Voilà un constat qui devient chaque fois plus évident même pour ceux qui n’ont pas envie de le reconnaître. Ce n’est pas être chauvin que de rappeler que durant des décennies, sinon des siècles, notre pays fut l’un des plus beaux sur terre, raison pour laquelle il est d’ailleurs la première destination touristique mondiale.
La France, ce sont les cathédrales gothiques qui surplombent nos grandes villes, les modestes églises romanes qui enjolivent nos bourgs, les forteresses du Moyen-Âge, les châteaux de la Renaissance et ceux du Grand Siècle…. C’est la place Stanislas de Nancy, celle du Capitole à Toulouse et les boulevards haussmanniens à Paris. C’est aussi le Mont-Saint-Michel, la cité fortifiée de Carcassonne, les maisons à colombage d’Alsace, les villages enchanteurs de Provence.
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La France, ce sont les jardins classiques, les beffrois du Nord, et les chaumières normandes. Peu de pays au monde disposent d’une telle richesse architecturale. Hélas, depuis le siècle dernier, un mauvais sort semble s’être abattu sur cette terre de conte de fée.
Non seulement l’on cesse de construire les merveilles qui, jusqu’à nos jours, suscitent l’admiration du monde entier, mais voilà que surgissent aux quatre coins du pays des zones industrielles et commerciales informes, des bureaux désespérément anonymes, des ronds-points, comme autant de verrues et de blocs de bétons qui engloutissent les demeures coquettes d’autrefois.
Les vallées et le littoral sont défigurés par des colonies d’éoliennes et les pavillons nouvellement construits sacrifient à un même modèle tristement fonctionnel et indifférent aux styles architecturaux propres à chaque province.
Comme le carrosse a-t-il pu se transformer ainsi en citrouille ?
Révolution architecturale et indifférence fonctionnaliste
Dans les colonnes du Figaro, Tristan Claret-Trentelivres, enseignant en classes préparatoires, s’interroge sur ce qu’il appelle notre consensus esthétique réactionnaire qu’il résume en la phrase mainte fois prononcée face à un bâtiment du passé : « Cela a le charme de l’ancien. » Cette nostalgie est une « particularité de notre époque », constate-t-il.
A la fin du XIXe siècle, un immeuble haussmannien flambant neuf n’aurait nullement été jugé inférieur aux constructions moins récentes, tout au contraire. Par ailleurs, il est peu probable que les immeubles en béton de 1960 bénéficient d’une quelconque faveur d’ici la fin de ce siècle, constate, à juste titre, M. Claret-Trentelivres. Ce n’est donc pas l’ancienneté à elle seule qui donne, par le seul fait du passage des ans, une valeur esthétique aux édifices.
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D’après l’enseignant, l’architecture contemporaine est marquée par une rupture esthétique qui la rend différente de toutes celles qui l’ont précédée et qui explique l’aversion qu’elle suscite : l’indifférence fonctionnaliste. « Ce n’est pas le mauvais goût qui rend nos constructions laides et nos nouvelles rues peu agréables à la promenade, c’est l’indifférence de leur conception à la beauté et au détail », insiste M. Claret-Trentelivres.
D’après lui, le grand tournant a eu lieu il y a un peu moins d’un siècle, dans les années 1930. A partir de cette décennie, la limitation des coûts est placée au-dessus de tout autre considération, cela au moment même où, paradoxalement, les richesses ne cessent de croître. « Trois quarts de siècle après cette révolution esthétique, nous avons été tant habitués à faire du caractère fonctionnel l’alpha et l’oméga du neuf que l’architecte qui se risquerait aujourd’hui à ouvrager les détails dans un souci de beauté se sentirait probablement mal à l’aise pour justifier ce qui passerait pour une lubie », déplore l’enseignant.
Conspiration contre la beauté
« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas tout d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure », écrivait Georges Bernanos. On pourrait ajouter, sans trahir l’auteur de ces mots, que cette conspiration est aussi dirigée contre toute espèce de beauté. Ce n’est, en effet, pas seulement en architecture que le fonctionnalisme triomphe au détriment de l’esthétique.
Les modes vestimentaires, le mobilier, la littérature, la gastronomie, la peinture, la musique : partout la laideur semble l’emporter, comme si la beauté était devenue non seulement superflue, mais encore incongrue et donc malvenue.
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Les auberges accueillantes d’autrefois ont ainsi laissé place aux fast-foods, les tenues élégantes aux leggins et aux bermudas, les enchantements de la musique dite « classique » aux mélopées abrutissantes du rap et les splendeurs de la messe latine au rite réformé par le Pape Paul VI. Même la façon d’être à soi et aux autres est souillée.
Contrairement à ce que l’on imagine trop souvent, l’élégance, qui est le nom que l’on donne à l’esthétique dans l’ordre de la tenue, n’a jamais été un privilège exclusif des élites, même si celles-ci, en ce domaine comme dans d’autres, ont contribué décisivement à l’affinement des goûts. Il suffit de voir le port d’une Bernadette Soubirous, humble paysanne illettrée du XIXe siècle, pour constater que la grâce est une disposition de l’âme bien avant d’être la conséquence d’une situation sociale, et, moins encore, d’un patrimoine matériel.
Décadence esthétique et crise métaphasique
D’après l’intellectuel et militant catholique brésilien, Plinio Correa de Oliveira, la décadence du monde occidental – dont l’architecture constitue un témoignage implacable – trouve ses origines dans le rejet de l’ordre sacral et harmonieusement inégalitaire qui reflète sur Terre quelque chose du Ciel. Ce processus – que Corrêa de Oliveira nomme la « Révolution » – commence à la fin du Moyen-Âge.
Mû par l’orgueil – qui lui inspire la détestation de toute forme de hiérarchie, notamment celle qui régit les rapports entre le Créateur et Ses créatures – et la sensualité – qui le fait fuir tout espèce de sacrifice, particulièrement ceux qui conduisent au Ciel – l’homme occidental se détourne progressivement de Dieu pour édifier une société qui est, en tout point, opposée à la chrétienté.
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Cette apostasie se manifeste dans les idées et les grands faits de l’histoire. On songe naturellement à la Réforme protestante, à la philosophie des Lumières, à la Révolution de 1789 ou encore à l’avènement du marxisme puis à la Révolution soviétique de 1917. Cependant, Plinio Corrêa de Oliveira démontre dans son œuvre magistrale Révolution et Contre-Révolution que ce bouleversement s’effectue aussi, et même d’abord, dans les tendances, c’est-à-dire dans les coutumes, les mœurs et les modes artistiques.
La beauté, sous toutes ses manifestations, est insupportable à l’esprit révolutionnaire, athée et pétri d’égalitarisme, d’une part parce qu’elle est un attribut de Dieu, et d’autre part parce que sa reconnaissance suppose un jugement esthétique et donc une hiérarchisation entre ce qui possède davantage cette qualité et ce qui en est moins pourvu, voire totalement démuni.
En édifiant un sanctuaire tel que le Mont-Saint-Michel l’homme du Moyen-Âge voulait faire advenir, même imparfaitement, la beauté de la Jérusalem céleste dans ce monde. Bien que, par nature, d’une façon moindre, les édifices civils médiévaux – tels que les châteaux ou les universités – étaient aussi pourvus de cette sacralité et de ce pulchrum qui faisaient lever les yeux au Ciel.
Les édifices modernes ne sont pas pensés pour s’émerveiller, mais, au contraire, pour que ceux qui les fréquentent demeurent prostrés dans cette existence, les yeux rivés sur la seule satisfaction de leurs besoins matériels. Ce n’est donc pas sans raison que certains de nos contemporains parlent de la vie urbaine comme d’un enfer : le défaut de beauté, d’harmonie et de spiritualité est le propre d’un monde où Dieu est absent. Derrière l’enlaidissement de notre beau pays, c’est bien une crise métaphysique et spirituelle qui se cache.
Source : https://www.lefigaro.fr/vox/cu...
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