Notre-Dame, une cathédrale pour les athées ?

Photo© Andreethota0 de Pixabay

Notre-Dame, une cathédrale pour les athées ?

Dans un entretien au Politique magazine, Matthieu Wariou, historien de l’art, réagit au scandaleux projet du diocèse de Paris destiné à transformer l’intérieur de la célèbre cathédrale.

Pour lui, « le projet proposé par le diocèse va bien au-delà » d’un simple réaménagement nécessaire suite au terrible incendie qui a ravagé Notre-Dame.

En effet, ledit projet prévoit notamment de « transformer les chapelles latérales afin de proposer un “parcours catéchuménal” (...). Or, évidemment, ce projet n’est pas nécessaire au regard de l’état desdites chapelles. Mis à part quelques éléments, l’intérieur de Notre-Dame a été préservé par l’incendie », insiste M. Wariou.

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Quant à la loi protégeant les édifices historiques, il précise que « Les monuments historiques se préoccupent surtout de ce que les projets proposés ne soient pas destructeurs.(...) L’important est que l’on soit en mesure de pouvoir les retirer dix ans plus tard et de retrouver l’aspect initial. Mais cette précaution est bien insuffisante. En effet, elle ne protège pas l’édifice d’un aménagement qui changera en profondeur la vision qu’on en avait avant l’incendie. (...) Tout le monde sait que la réversibilité n’est que théorique. Elle ne garantit en aucun cas qu’on retirera ce qui serait raté. »

L’hitorien donne un exemple : « Lorsqu’on a retiré les grilles du chœur, on les a remisées dans les tribunes. Théoriquement on pourrait les réinstaller. Mais tout le monde sait que cela ne se fera jamais. »

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le diocèse « intervient sur les aménagements intérieurs voulus par Viollet-le-Duc, comme d’ailleurs dans beaucoup d’églises anciennes confrontées à la réforme de Vatican II. »

« Certains éléments de l’époque de Viollet-le-Duc ont été remisés car ils entravaient la nouvelle liturgie issue de Vatican II (...) Enfin, les chapelles latérales étaient peintes de motifs décoratifs qui ont progressivement été lessivées dans les années 1950 », se désole M. Wariou.

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« Au total, (...) il ne restait pas grand-chose de l’époque de Viollet-le-Duc dans la cathédrale sinon les chapelles latérales avec leurs autels (...) ainsi que les confessionnaux. »

« Quant à la volonté de modernisation, le projet actuel prévoit que pour les 28 murs des 14 chapelles latérales de la nef, 18 soient occupés par des “zones de création”. (...) Des noms ont circulé, et Anselm Kiefer ou Louise Bourgeois n’ont pas une expression plastique conciliable avec l’édifice. Et si Ernest Pignon-Ernest est un artiste figuratif, la dernière fois qu’il était intervenu à Paris c’était pour Les Gisants, en 1971 : il avait alors installé les dessins des morts de la Commune au pied du Sacré-Cœur de Montmartre. Curieux choix que de faire appel à un artiste communiste aussi revanchard pour Notre-Dame de Paris », considère l’historien à juste titre.

Pour le moment, il reste que « la commission nationale du patrimoine et de l’architecture n’a pas validé ce projet. La plupart des propositions ont recueilli un avis très réservé. En revanche, le ministère a choisi de communiquer de façon très positive. Pourquoi un tel enthousiasme ? On l’ignore. Tout ce qui se passe à Notre-Dame, tout ce qui se décide est frappé du sceau du secret », s’étonne M. Wariou.

« Les élites qui décident de l’avenir de ce « commun » – qu’il s’agisse du diocèse, de la ville ou de l’État – ont une drôle de façon de restaurer ce qui nous appartient à tous… il est inenvisageable qu’il n’y ait pas de débat et que l’option qui soit retenue soit adoptée en catimini et sans discussion. »

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Pourtant, une autre option aurait pu exister, estime le spécialiste de l’histoire de l’art : « revenir à l’état d’avant l’incendie ou même profiter de l’occasion pour restituer les aménagements de Viollet-le-Duc. Cette dernière option permettrait de retrouver et recréer le décor historique, parfaitement documenté, conçu par Viollet-le-Duc. (...). C’est un travail immense mais qui permettrait de redonner de la cohérence à un lieu historique, de lui redonner vie et beauté, charme et signification. »

« En revanche, là où ce parcours catéchuménal est nouveau, et donc en rupture avec l’histoire, c’est qu’il s’adresse d’abord à ceux qui sont étrangers au christianisme. »

« Ce sera la première cathédrale destinée à l’accueil des athées et des postchrétiens », conclut-il.

Source : https://politiquemagazine.fr/f...

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