Photo : Notre Dame de Paris Vitrail en grisaille par Antoine Lusson 1864 sous direction de Viollet le Duc - CC BY-NC-SA 2.0 via Geneawiki
Notre-Dame : le scandale du remplacement des vitraux
Dans une tribune publiée le 18 décembre 2024, Didier Rykner, journaliste et directeur du magazine en ligne La Tribune de l'art, fustige le choix final du comité artistique suite au concours mis en place pour le remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc.
Finalement c’est l’artiste Claire Tabouret qui a été retenue. Pour Didier Rykner, c’est un scandale ajouté à un autre scandale.
Que ce soit cette dernière ou un autre artiste, « le scandale ne change pas, précise-t-il. Comme nous l’avons à maintes reprises écrit ici, c’est le remplacement des vitraux classés, épargnés par l’incendie et restaurés avec l’argent des donateurs que nous combattons, pas l’artiste choisi pour le faire. »
Car, souligne-t-il, « La réouverture de la cathédrale a montré à chacun (...) que les vitraux de Viollet-le-Duc étaient beaux, en plus d’être protégés “monument historique”. Leur enlèvement est un scandale d’autant plus grand qu’il est coûteux. Nous avions dit que cela devait coûter entre 3 et 4 millions d’euros. Nous étions encore en dessous de l’estimation. Interrogé par un de nos confrères lors de la conférence de presse de présentation du projet, Philippe Jost, le président de l’établissement public “chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris” a confirmé que le coût de création des vitraux serait de 4 millions d’euros, chiffre qui ne comprend pas la dépose des vitraux existants. »
« C’est donc plus de 4 millions d’euros qui seront distraits du budget du ministère de la Culture pour vandaliser Notre-Dame », s’insurge le journaliste.
M. Rykner partage une petite anecdote révélatrice : « Lors de la présentation, Claire Tabouret a affirmé vouloir “faire dans ses vitraux un hommage à Viollet-le-Duc”. Soit c’est de l’ironie, soit ça y ressemble. Celle qui accepte de remplacer ces vitraux, les condamnant à l’obscurité des caisses, prétend vouloir leur rendre hommage. On croit rêver. »
Enfin, ajoute-t-il, avec fermeté : « Comme Emmanuel Macron s’entête dans sa volonté, (...) cette affaire se poursuivra donc devant les tribunaux. Avec une seule interrogation : le concours est terminé, une artiste et un maître-verrier ont été désignés et vont commencer à travailler (six mois d’étude puis au moins un an de réalisation, ce qui nous amène au second semestre 2026), mais aucune autorisation formelle de travaux ne sera probablement donnée avant cette date. »
« La question est : quelle décision peut-on attaquer ? S’il est impossible d’aller en justice avant que les vitraux ne soient réalisés, il est possible que le ministère de la Culture fasse fabriquer des vitraux à grand coût sans pouvoir les installer. Rien de grave, finalement, qu’est-ce que 4 millions d’euros ? », conclut le grand défenseur du patrimoine.
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