Les racines chrétiennes de l’Europe, un patrimoine de valeurs qui proviennent de l’Evangile
Il n’est aucun domaine de notre art, de notre culture, de notre histoire, qui ne porte gravé le sceau chrétien.
Au moment où toute la France célèbre la « Journée du patrimoine » rien de plus opportun que les paroles prononcées lors d'une conférence devant 180 personnes réunies au siège de la Fédération Pro Europa Christiana à Creutzwald (Moselle) le 15 septembre 2016, par le professeur et historien italien Roberto de Mattei sur les racines chrétiennes de l'Europe.
L'historien bien connu du public français a montré aussi que le Christianisme est un message de salut universel qui ne peut être réduit à l’Europe et à l’Occident, mais qui s’est néanmoins développé en Europe et, de l’Europe, s’est diffusé dans le monde.
Face à la guerre que nous a déclarée l’Islam, défendre les racines chrétiennes n’est pas une option, c’est une nécessité vitale et la certitude que la victoire sera offerte à ceux qui choisissent de combattre, a conclu Roberto de Mattei.
Extraits de la présentation :
Le mot « racines » renvoie à une métaphore souvent employée dans l’Evangile : celle de l’arbre. L’arbre, dit l’Evangile, se reconnaît à ses fruits. Mais quels sont les fruits qui nous font reconnaître les racines de l’Europe ? Regardons autour de nous. Les fruits des racines chrétiennes sont sous nos yeux : ce sont des lieux et des signes visibles, ce sont les églises, monuments, palais, places, pierres, mémoriaux, mais aussi musique, littérature, poésie, art en tous genres. Il n’est aucun domaine de notre art, de notre culture, de notre histoire, qui ne porte gravé le sceau chrétien.
Le Christianisme, au cours de l’histoire, s’est traduit en lois et institutions, mais aussi en milieux, symboles, rites, monuments, qui parlent à nos sens à travers des formes, sons, et couleurs. Il y a un rapport entre le beau et le vrai. Les sens saisissent la beauté et l’harmonie de ce qui existe dans l’univers et le transmettent à notre intelligence, qui a pour objet spécifique la connaissance de la vérité.
Hommes et femmes de tous les Pays et de toute provenance idéologique admirent la beauté des œuvres d’art chrétiennes, oubliant que ces œuvres n’auraient pas été réalisées si elles n’avaient d’abord été conçues selon un mode de pensée qui était la philosophie de l’Evangile.
L’historien de l’art Erwin Panofsky a mis en lumière le rapport entre l’architecture gothique et la philosophie scolastique, soulignant comment la luminosité des cathédrales médiévales correspond à la transparence de pensée des œuvres comme la Somme Théologique de saint Thomas d’Aquin[1].
Benoît XVI, dans son audience générale du 18 novembre 2009, a défini ainsi les cathédrales : “une des créations artistiques les plus élevées de la civilisation universelle (…)véritable gloire du Moyen-âge chrétien (…)où la liturgie pouvait être célébrée avec dignité et solennité, et où les fidèles pouvaient s'arrêter en prière, attirés par la vénération des reliques des saints, buts de pèlerinages incessants”.
Et vingt ans auparavant, en visitant la ville de Spire le 4 mai 1987, Jean-Paul II désigna la cathédrale de cette ville, “impressionant chef d’oeuvre de l’architecture médiévale”, comme un témoin de l’histoire d’Europe, constituée par “de grandes époques d’une culture commune de l’Europe dans le domaine de la foi, de la science et de l’art”. “Cette cathédrale – poursuivit le pape – est ainsi le témoin de la grandeur de l’Europe chrétienne et en même temps témoin de cette décadence dont celle-ci s’est rendue coupable”.
Les racines chrétiennes de l’Europe ne sont pas seulement un souvenir du passé, mais une mémoire historique qui nous aide à retrouver notre identité. Un patrimoine de valeurs qui proviennent de l’Evangile et se sont développées en cohérence avec lui.
Le Christianisme, à qui l’on doit l’apport de ces valeurs et l’élaboration de bien d’autres, à commencer par celui de personne, est à son tour un message de salut universel qui ne peut être réduit à l’Europe et à l’Occident, mais s’est développé en Europe et, de l’Europe, s’est diffusé dans le monde.
Il faut ajouter que les valeurs européennes se sont affirmées comme valeurs universelles non seulement par leur force intrinsèque, mais précisément parce que l’Europe les a propagées comme telles.
Aucune civilisation ne s’est diffusée dans le monde comme la civilisation européenne et le Christianisme a été le levier de cette expansion. Le monde était eurocentrique tant que l’Europe était fidèle à sa vocation.
Les paroles de Jésus-Christ : “Allez à travers le monde entier, prêchez l’Evangile à toute créature” (Mt 16, 16) poussèrent les missionnaires à propager le Christianisme d’un bout à l’autre de la terre. Le corps de l’Europe, la géographie qui fait de l’Europe une terre entourée de mers sur trois côtés, a favorisé la diffusion dans le monde de cette civilisation, en lui permettant de mettre en oeuvre la vocation qui lui est propre.
Quelle est cette vocation ? Ou, si l’on préfère, quelle est la mission historique de l’Europe ? Les civilisations sont des réalités historiques, donc mortelles ; et de ce fait leur âme aussi est historique ; leur culture correspond à une mission historique reçue de Dieu lui-même, Seigneur de l’histoire, qui établit les rôles et le cours des civilisations selon les vastes projets de sa divine Providence.
La mission de l’Europe consiste à transmettre des valeurs universelles, à être l’apôtre de la Civilisation. En ce sens, la civilisation européenne ne peut pas ne pas être chrétienne, ne peut pas ne pas avoir dans le Christinianisme son âme et sa racine ultime et profonde.
L’Europe ne restera pas un espace neutre du haut duquel on pourra observer, en en tirant profit, les vicissitudes du monde. Elle deviendra terre de conquête pour d’autres civilisations, d’autres peuples, d’autres religions.
Antoine Bèllion
Source: Flash Actualités, N º 96, Décembre 2016.Photo : Château de Chenonceau – © F. Viotti
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