
Photo : Image par Mohamed Hassan de Pixabay
Les Frères musulmans : un rapport… qui fait le jeu de l’adversaire ?
Un nouveau rapport parlementaire sur les Frères musulmans vient d’être publié en France. Présenté comme un outil pour freiner l’expansion de l’islamisme, il est en réalité un signal d’alarme… à l’envers. Car loin de rassurer, ce document soulève des interrogations graves, des ambiguïtés troublantes et des propositions que certains n’hésitent pas à qualifier de dangereuses. Parmi les voix qui s’élèvent avec force et clarté, celle de l’islamologue Razika Adnani retentit comme un cri de lucidité dans le désert de l’aveuglement politique.
Selon elle, se concentrer exclusivement sur les Frères musulmans est une erreur stratégique majeure. C’est regarder un arbre en feu… et ignorer que la forêt entière brûle. « C’est une grande erreur de se concentrer sur un groupe politico-religieux particulier qui ne représente qu’une partie de l’islamisme et non tout l’islamisme », alerte-t-elle. Cette focalisation étroite donne l’illusion d’un combat mené, alors qu’elle laisse des pans entiers du phénomène islamiste se développer en toute tranquillité. Pire encore : cela pourrait conférer une légitimité implicite à d’autres courants tout aussi dangereux, simplement parce qu’ils se disent « anti-Frères musulmans ». Ce serait, avertit Adnani, prendre les islamistes pour des « gentils piétistes », uniquement parce qu’ils avancent masqués.
Ce que Razika Adnani démontre, c’est que l’islamisme ne se limite pas à un groupe, ni à une époque, ni à une stratégie médiatique. Il s’enracine dans une histoire longue, une vision du monde, une idéologie totalisante. Croire qu’il est né avec la Confrérie des Frères musulmans est une erreur historique et théologique. Et vouloir le circonscrire à cette mouvance, c’est tout simplement préparer le terrain à d’autres radicalismes.
Mais ce qui choque peut-être le plus dans ce rapport parlementaire, ce sont certaines propositions qui flirtent avec l’absurde. Parmi elles : accroître la présence de la religion musulmane dans l’espace public… pour lutter contre l’islamisme. Une logique déconcertante que Razika Adnani rejette avec fermeté. Ces recommandations ne répondent pas, selon elle, aux inquiétudes des Français – ni musulmans, ni non-musulmans – qui aspirent à plus de clarté, de cohérence, de sécurité.
Autre aberration pointée du doigt : l’idée que l’enseignement de l’arabe serait un rempart contre la radicalisation. Là encore, la réponse fuse, nette et implacable : « L’arabisation n’a pas protégé les pays du sud de la Méditerranée du fondamentalisme et du conservatisme islamiques. » Comment peut-on croire qu’un vecteur culturel puisse neutraliser une idéologie politico-religieuse qui s’est justement nourrie de cette langue pour se diffuser plus efficacement ? Ce n’est pas l’arabe qui protège, c’est l’éducation à la liberté intérieure, au sens critique, à la pensée.
Adnani insiste avec une gravité rare : la fin de l’islam politique n’adviendra que si l’islam accepte de se séparer de sa dimension politique. Et cette rupture – véritablement révolutionnaire – ne pourra venir que de l’intérieur de l’islam lui-même. Il ne s’agit pas de bricoler une réforme hexagonale à visée électoraliste, mais de poser les bases d’une transformation spirituelle et intellectuelle globale, à l’échelle du monde musulman.
Enfin, elle met en garde contre une instrumentalisation idéologique de l’islamologie contemporaine. Cette discipline, dit-elle, doit rester une science au service de la vérité, non un outil au service de tel ou tel agenda politique.
Ce que révèle ce rapport, finalement, ce n’est pas une stratégie de résistance à l’islamisme. C’est la peur d’affronter la réalité, la tentation de l’enrober, de la neutraliser sous de fausses bonnes idées, quitte à aggraver ce que l’on prétend combattre.
Il y a, dans les propos de Razika Adnani, une vérité que trop peu osent dire : on ne combat pas une idéologie totalitaire en renforçant ses fondements culturels. On ne lutte pas contre l’obscurantisme en lui donnant plus de place. Et on ne protège pas une société en regardant ailleurs.
Face à une menace qui avance masquée, c’est de clarté, de courage et de cohérence que la France a besoin. Pas de faux-semblants.
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