Léon XIV, suit-il l’idéologie verte ?

Photo: Edgar Beltrán, The Pillar, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

Léon XIV, suit-il l’idéologie verte ?

Un lieu commun assez répandu affirme que le réchauffement climatique menacerait l’humanité et que l’homme en serait le principal responsable. Le changement climatique, causé par les activités humaines (en particulier l’usage des combustibles fossiles, la déforestation et l’agriculture intensive), aurait atteint un niveau critique au point de constituer une menace urgente pour l’environnement, la santé, la stabilité économique et la paix mondiale. Pour affronter cette urgence, des mesures radicales seraient nécessaires dans plusieurs domaines – énergie, transports, industrie, agriculture – que l’Union européenne résume dans la formule du « transition verte » ou du « Pacte vert ».

Commençons par dire que la thèse du réchauffement global est largement surestimée. Dans un article publié par Libero le 6 juillet, Antonio Socci a rapporté une série de données scientifiques montrant qu’aujourd’hui encore, on meurt davantage de froid que de chaleur. Selon les statistiques, les décès liés au froid surpassent ceux dus à la chaleur dans une proportion de 9 contre 1, et les températures plus élevées contribueraient actuellement à réduire le nombre total de morts. Luigi Mariani, professeur d’agrométéorologie, sur la base d’études scientifiques récentes, affirme qu’à l’échelle mondiale, entre 2000 et 2019, 91 % des décès dus aux températures extrêmes étaient causés par le froid, contre seulement 9 % par la chaleur. Cette conclusion n’est pas nouvelle : il y a déjà dix ans, une étude internationale publiée dans la prestigieuse revue The Lancet parvenait aux mêmes conclusions, sur l’analyse de 74 millions de décès dans 12 pays. Lorsque les médias insistent uniquement sur les morts causées par la chaleur, ils offrent une vision déformée de la réalité.

Mais même en admettant que des changements climatiques soient en cours, il faut se demander : sont-ils causés par l’homme ou par la nature ? Et, le cas échéant, dans quelle mesure ?

Ce n’est certainement pas la première fois que surviennent des changements climatiques. Le climat du Moyen Âge, par exemple, fut doux, à l’image de ses mœurs. Le XIVe siècle, qui marqua le passage à l’époque moderne, connut en revanche un net refroidissement des températures. Ce fut la période de l’avancée des glaciers alpins et polaires, entraînant notamment la disparition de la vigne en Angleterre. L’abaissement du seuil méridional des glaciers et l’augmentation des précipitations causèrent des glissements de terrain, inondations et crues, réduisant les surfaces cultivables et provoquant des famines. La malnutrition affaiblit la population européenne, la rendant plus vulnérable à des maladies comme la peste noire, qui tua au milieu du XIVe siècle au moins un tiers des Européens. Les historiens Ruggero Romano et Alberto Tenenti ont documenté ce cycle récurrent de famines et d’épidémies dans leur ouvrage Aux origines du monde moderne 1350-1550 (Feltrinelli, Milan, 1967).

Ces calamités n’étaient pas dues à l’homme, mais à la nature. Toutefois, le fait que Dieu, Maître de la nature, les ait permises, était interprété comme un châtiment pour les péchés des hommes. En ce sens, l’homme était tenu moralement responsable des catastrophes naturelles. Il ne s’agissait pas de la fin du monde, mais de la fin d’une époque. Dans l’histoire, les désastres naturels ont toujours accompagné les infidélités et l’apostasie des nations. Ce fut le cas à la fin du Moyen Âge chrétien, et cela semble se reproduire aujourd’hui.

L’homme moderne, dans son orgueil prométhéen, a tenté de subvertir les lois de la nature. Mais dans sa rébellion contre l’ordre divin et naturel de l’univers, il ne peut qu’être vaincu. La modernité a voulu remplacer l’adoration de Dieu par celle de l’homme. Or, face à l’échec de ce projet, l’idéologie postmoderne a substitué à l’adoration de l’homme celle de la nature. C’est la forme la plus radicale de l’idéologie « verte ». La « planète Terre » devient non seulement une patrie, mais une véritable religion terrestre.

Cette vision a également trouvé un écho dans l’Église sous le pontificat du pape François, se concrétisant symboliquement dans l’intronisation de la Pachamama – la Terre Mère des peuples autochtones d’Amérique – dans les Jardins du Vatican, le 4 octobre 2019, à la veille du Synode post-amazonien.

Le nouveau pape, Léon XIV, est-il un adepte de cette idéologie ? Nous ne voulons pas le croire. Le 9 juillet 2025 a été célébrée la Messe pour la sauvegarde de la Création dans le Jardin de la Madonnina du « Bourg Laudato si’ » à Castel Gandolfo. Le pape a conclu son homélie par les mots de saint Augustin, qui dans les Confessions associe l’homme et la création dans une louange cosmique : « Tes œuvres te louent afin que nous t’aimions, et nous t’aimons afin que tes œuvres te louent » (Confessions, XIII, 33, 48). Et il a ajouté : « Que ce soit cette harmonie que nous répandions dans le monde ».

L’harmonie évoquée par le pape et par saint Augustin est à l’opposé de celle proposée par l’idéologie verte. La droite raison et la Révélation divine nous enseignent que l’homme, créé à l’image de Dieu, est placé au sommet de l’échelle hiérarchique de la création. La nature est un don confié à l’homme pour l’aider à atteindre sa fin surnaturelle. Un théologien lucide du XXe siècle, Mgr Pier Carlo Landucci, rappelait : « Le monde est la maison de l’homme, donnée par son Créateur. Ce n’est donc pas l’homme pour la maison, mais la maison pour l’homme ; lequel est tenu, par respect pour le divin Donateur et pour son propre bien, d’en défendre et conserver les valeurs : voilà l’‘écologie’ dans son fondement rationnel et moral » (Instinct et intelligence chez les animaux ?, dans Palestra del Clero, n° 14, 15 juillet 1985, p. 14).

L’homme doit respecter la nature et ses lois, qui ne sont pas seulement physico-chimiques, mais aussi religieuses et morales. Non seulement les individus, mais aussi les peuples sont appelés à les respecter. Si l’homme se rebelle contre Dieu ou s’éloigne de Lui, la nature aussi se rebelle ou se détourne de l’homme. Ainsi en a-t-il été dans toutes les périodes de crise spirituelle et morale, et il semble en aller de même aujourd’hui, avec le chaos climatique qui nous agresse et qui pourrait se manifester par des châtiments naturels soudains.

« Mais — a affirmé le Pape à Castel Gandolfo — au cœur de l’année jubilaire nous confessons — et nous pouvons le dire plusieurs fois: il y a de l’espérance! Nous l’avons rencontrée en Jésus. Il calme encore la tempête. Son pouvoir ne perturbe pas, mais crée; il ne détruit pas, mais fait exister en donnant une nouvelle vie. Et nous aussi, nous nous demandons : “Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent ?” » (Mt 8,27).

 

Source : https://robertodemattei.substack.com/p/leone-xiv-segue-lideologia-green?utm_source=post-email-title&publication_id=834053&post_id=168275928&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=gbegr&triedRedirect=true&utm_medium=email