
Photo : François GOGLINS, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons
Le marché halal : les dangers du « djihad économique »
Dans une tribune publiée ce trois février dans les colonnes du Figaro, l’anthropologue et présidente du Cerif (Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme), Florence Bergeaud-Blackler, alerte sur les conséquences et les enjeux du développement du “marché halal” dans notre pays.
En 2017, Florence Bergeaud-Blackler avait déjà publié un livre-enquête sur ce sujet, « Le Marché halal ou l’Invention d’une tradition », dans lequel où elle développait plusieurs points dont nous retiendront deux :
- Le premier point, particulièrement préoccupant : « Le périmètre de la norme halal s’étend, pourrait-on dire, à l’infini, car personne ne décide où se trouve la limite, laissant libre cours à l’innovation et à la compétition. Au départ, le label halal ne concernait que les viandes, puis il s’est appliqué à tous les produits alimentaires, aux produits détergents, aux produits cosmétiques ou médicaux, aux hôtels, aux vêtements, à la finance, etc. La dynamique de halalisation du marché mondialisé aboutissait à normer non plus seulement les produits, mais les comportements des musulmans dans tous les domaines de leur vie. Il était l’instrument de choix de la da’wa (prédication) frériste », explique Florence Bergeaud-Blackler.
- Un deuxième point souligné par la spécialiste des Frères musulmans : « Le marché halal est une fiction qui ne peut être dévoilée. La certification halal n’est pas un sceau divin déposé sur les produits comme la publicité peut le laisser entendre. Et si personne ne le dit, c’est parce que la certification ne serait plus monnayable. Le commerce halal n’existerait pas sans un dispositif capable de maintenir en permanence la croyance qu’il est religieux. (....) On fait donc comme si ces produits étaient simplement religieux. La conséquence de cela, c’est que nos politiques ne s’en occupent pas. »
Pourtant, poursuit l’auteur de la tribune, « Le Comité européen de normalisation (CEN), a tenté, durant des années, d’instaurer une régulation du halal », mais il a malheureusement « échoué face à des agences de certification halal et des pays musulmans ligués contre ce qu’ils considéraient être une ingérence des non-musulmans dans le domaine religieux. »
Il existe donc « un problème de contrôle des comportements : le marché halal international peut être instrumentalisé par un État ou un réseau (frériste) pour normer, structurer et contrôler les comportements des musulmans, et ce bien plus efficacement qu’en imposant des imams. »
Enfin, dénonce l’anthropologue, « La norme halal opère une limitation de la commensalité et de la convivialité, une normalisation de la séparation sexuelle de l’espace et du travail. Les hôtels et les plages halal, les boycotts et les buycotts sont des pratiques qui visent à ériger des écosystèmes halal dans des sociétés sécularisées de plus en plus charia-compatibles. »
« On voit que les enjeux du halal sont bien plus préoccupants que les seuls problèmes de compétition économique dans un espace de libre concurrence. Le marché halal peut être l’instrument d’un “djihad économique”, c’est-à-dire une guerre économique déployée dans le but de constituer et renforcer la communauté musulmane (Umma) et de promouvoir ses valeurs en conformité avec les principes de la charia », conclut-elle.
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