
Source photo : Eugene Pivovarov CC BY 3.0 , via Wikimedia Commons
La mort du Pape
De mortuis nisi bonum. Qu'on ne dise des morts que ce qui est bon. Ce proverbe traduit le respect que les sociétés civilisées ont toujours eu pour les défunts.
Ces derniers jours, tous les médias ont consacré beaucoup d'espace à la mort du pape François, Jorge Mario Bergoglio. Un célèbre journal espagnol a parlé d'un « coup de vent social ».
Tous les aspects de sa mort et de son pontificat ont été analysés et scrutés par la presse mondiale de la manière la plus méticuleuse. Avec une méticulosité qui a parfois frisé l'excès. Tout ce qui devait être dit sur le sujet l'a déjà été, et même plus que l'objectivité ne l'aurait permis.
Pour notre part, nous élevons une prière à la Divine Providence pour son âme. C'est un devoir respectueux auquel aucun chrétien ne peut se soustraire.
Que dire qui n'ait déjà été dit ?
Une première remarque consiste à constater que, malgré l'implacable campagne de laïcisation qui frappe l'Église depuis au moins le XIXe siècle, la Papauté continue d'attirer l'attention du plus grand nombre.
Que diraient les grands hérauts de la laïcité, qui prophétisaient bruyamment la disparition de l'Église catholique à la fin du XXe siècle, en voyant à quel point le monde d'aujourd'hui s'intéresse à la mort d'un Pape ?
Pourquoi cet intérêt ?
Si les médias influencent l'opinion publique, ils sont aussi profondément influencés par elle. Si des dizaines de pages ont été consacrées à la mort du Pape, ce n'est pas tant en raison de la sympathie des rédacteurs et des éditeurs que de la vénération, de l'admiration et de la confiance filiale de l'opinion publique à l'égard de la Chaire de Rome.
Cette attitude de l'opinion publique marque la victoire de la Papauté, en tant qu'institution et indépendamment de son titulaire, sur l'immense offensive de propagande déclenchée contre elle. Ceux qui ont prophétisé sa mort reposent dans les cimetières ; la barque de Pierre continue à naviguer sur les mers !
Mon deuxième commentaire repose sur une question : sommes-nous sûrs que cet ouragan de célébration autour de la figure du pape François reflète les véritables sentiments des fidèles ?
À une époque où tant de gens confondent le public avec la publicité et s'imaginent naïvement que le visage de la publicité exprime toujours le visage du public, je me demande : est-il vrai que les masses voient et ressentent les choses telles que de nombreux médias les présentent ?
Pour autant que je puisse le percevoir, la réponse est NON. Ce que le Peuple de Dieu veut savoir, c'est autre chose.
En 1968, Paul VI admet que l'Église est victime d'un mystérieux « processus d'autodestruction ». Quatre ans plus tard, il annonce que la « fumée de Satan » l'avait pénétrée. En 1981, Jean-Paul II dénonce le fait que « les chrétiens d'aujourd'hui se sentent perdus, confus, perplexes et même déçus ». Et son successeur, Benoît XVI, parlait lui aussi d'un « processus de décadence progressive », d'une situation d'« hiver ecclésial », et déplorait « quelle saleté sur le visage de l'Église ! ». François lui-même a dû admettre que l'état de l'Église était si grave qu'elle ressemblait à « un hôpital de campagne après une bataille ».
Le défunt Pontife est parti pour l'éternité alors que l'autodestruction battait son plein et que la fumée de Satan se répandait. En effet, sous sa surveillance, le processus s'est considérablement accentué, au point que le cardinal George Pell a observé : « Nous sommes plus faibles qu'il y a cinquante ans ».
Le Conclave se réunira bientôt pour élire son successeur. On pourrait poser mille questions sur le nouveau pape. Mais la principale est la suivante : que fera-t-il face à l'autodestruction et à la fumée de Satan ? Ce qui intéresse le plus quiconque se trouve à bord d'un navire en proie à une épaisse fumée et en compagnie de passagers qui démantèlent le navire, est ce qui sera fait à ce sujet.
Métaphores mises à part : au fond, la question qui se pose aujourd'hui est de savoir si l'expérience de « changement de paradigme » initiée par le pape François vaut la peine d'être poursuivie ou si, au contraire, un grand effort doit être fait pour clarifier et rassembler les fidèles autour des postulats fondamentaux de la foi catholique, capables de raviver l'espérance et l'esprit missionnaire qui ont caractérisé tous les renouveaux de l'Église tout au long de son histoire.
En d'autres termes : l'Église doit-elle continuer à s'incliner devant le monde, en suivant ses tendances néfastes, ou doit-elle avoir une réaction de fierté, proclamer son identité fondée sur le Christ et défier la sécularisation moderne pour rassembler les vrais fidèles sous la bannière de la Croix ?
Toutes les études - dont nous avons longuement parlé par ce moyen et sur lesquelles je reviendrai plus tard - montrent que, tandis que des minorités de plus en plus petites et vieillissantes penchent pour la première option, des minorités toujours plus grandes et plus dynamiques, composées principalement de jeunes, penchent résolument pour la seconde option. L'Église ne doit pas céder, mais se battre.
C'est une question de Foi et de fidélité à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, de son trône d'éternité, juge les vivants et les morts.
Que pensent les cardinaux réunis ces jours-ci à Rome pour la Congrégation générale précédant le Conclave ? La réponse n'est pas tout à fait claire, ne serait-ce que parce que François a créé une pléthore de cardinaux dont l'orientation est peu connue.
Bientôt, l'un d'entre eux apparaîtra au balcon de Saint-Pierre, vêtu de blanc. Face au processus de reddition au monde décrit ci-dessus, sera-t-il un combattant, un négociateur ou un médiateur ?
Il est clair que je me range parmi ceux qui seraient heureux d'avoir un combattant.
En renouvelant nos prières pour l'âme du Pape récemment décédé, nous demandons à la Divine Providence de donner lumière et courage aux cardinaux. Le sort de la barque de Pierre est entre leurs mains.
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Julio Loredo est journaliste, écrivain et conférencier. Président de l'association italienne Tradizione Famiglia Proprietà et de son magazine éponyme, il est l'auteur de Liberation Theology: A Lead Lifesaver for the Poor. Il participe régulièrement à des conférences internationales pour défendre la foi, la famille et la tradition.
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