Image d'illustration. Photo© Pixabay
Choisir son nom : vers la fin de la transmission ?
« Chaque Français pourra choisir son nom de famille », promet le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.
Or, « Notre nom n’est pas seulement un outil de reconnaissance. Il nous rattache autant à une histoire familiale qu’il projette notre être. Il est en cela constitutif de notre identité » , rappelle l’historien Jean-Marc Albert, dans une tribune publiée dans les colonnes de Valeurs Actuelles.
« En permettant d’en changer facilement, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, le garde des Sceaux expose le choix du nom à l’humeur du temps mais fragilise surtout la transmission de notre héritage et ce qui nous relie », dénonce-t-il.
« (...) Car nos parents ne nous transmettent pas seulement leurs gènes mais un nom qui nous intègre à un récit commun. Si le prénom désigne l’unicité de la personne, le nom rattache notre singularité à une histoire élargie qui nous précède et dont on hérite. »
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Ces demandes de changement de patronyme « révèlent surtout la détestation de tout ce qui nous détermine. La filiation n’est plus un lien mais une chaîne dont on cherche à s’affranchir. »
« En tenant compte de motifs d’ordre affectif [pour] caractériser l’intérêt légitime [à] déroger aux “principes de dévolution et de fixité du nom établis par la loi”, le Conseil d’État a placé l’émotion au cœur de la loi. Il est urgent de redonner au nom du sens au risque de rompre la transmission qui fonde l’identité personnelle et familiale », alerte Jean-Marc Albert.
« Porter un nom, c’est montrer que nos choix ne dépendent pas que de notre seule volonté mais d’un ensemble de liens hérités du métissage de deux lignages. Mais le nom forge d’abord notre existence (...) ; il enracine en chacun une histoire indicible qui les relie à leurs ancêtres. »
« Aujourd’hui, explique l’historien, changer de nom s’apparente plutôt à une désaffiliation. (...) Ni les parents ni l’État n’ont alors à imposer une identité qui de toute façon sera amenée à se transformer en fonction d’un ressenti nécessairement volatile.(...) L’état civil n’a pourtant pas fini d’être perturbé par ceux qui veulent ne pas être ce qu’ils sont. »
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« C’est aussi une marque d’ingratitude que de penser que l’on ne doit rien à ceux qui nous ont légué plus que leur nom. (...) D’autres, enfin, veulent se désagréger de la culture de leur pays d’accueil en reprenant le nom d’origine que leurs parents avaient, selon eux, trahi », regrette-t-il.
Pourtant, « Le nom nous définit littéralement en ce qu’il pose en nous des limites et nous offre un lien protecteur. Le nom n’est pas un fardeau mais nous permet de nous ouvrir au monde et de tisser nos propres trajectoires. La famille nous aide à devenir acteur de l’histoire qu’elle nous a léguée. Encore en faut-il accueillir filialement le nom », conclut l’auteur avec sagesse.
Source : https://www.valeursactuelles.c...
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