Arabe à l’école : « une lourde faute contre la cohésion nationale »

Arabe à l’école : « une lourde faute contre la cohésion nationale »

Face aux déclarations récentes du ministre Jean-Marie Blanquer dévoilant son intention de favoriser l’enseignement de l’arabe à l’école publique, le professeur d'histoire-géographie Barbara Lefebvre lui répond dans une tribune du Figaro, publiée le 11 septembre 2018.

« Ce serait une lourde faute envers la cohésion nationale », dénonce-t-elle.

Et rappelle : « Les enseignements de langue et de culture d'origine (Elco) sont nés sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, (…) portant sur la scolarisation des enfants des travailleurs étrangers. Proposés sur la base du volontariat aux familles, cet enseignement des langues maternelles des parents fut créé pour que les enfants issus de l'immigration (…) restent en lien étroit avec la culture d'origine de leurs pères et mères. (…) À partir des années 1980, les Elco changèrent de sens et devinrent un outil explicite de non-intégration à la culture française ».

« Or, sous le quinquennat de François Hollande, au lieu de les supprimer compte tenu des dérives communautaristes des Elco arabe et turc, Najat Vallaud-Belkacem les rebaptisa et décida de les généraliser - et en premier lieu l'arabe - dès le primaire. »

Le résultat est scandaleux : « dès la rentrée 2016, tous les parents d'une école (y compris ceux jamais sollicités pour une inscription en Elco) se sont vus proposer de choisir l'arabe comme première langue étrangère (…) L'essayiste Hakim El Karoui plaida lui aussi en ce sens. Exploitant l'émotion post-attentats de 2015, il construisit une équation habile mais fausse pour démontrer la nécessité de «ramener l'arabe au sein de l'école de la République» ( …) Selon cette équation, « l'islamisme se diffuserait dans la jeunesse via de nombreuses mosquées à travers l'enseignement de l'arabe coranique ; l'école de la République ayant fermé des classes d'arabe dans le secondaire, les familles furent contraintes de se replier sur l'enseignement de l'arabe à la mosquée ; donc si on veut lutter contre l'islamisme, il faut enseigner l'arabe à l'école publique et non à la mosquée. »

Barbara Lefebvre analyse avec pertinence : « …les familles préfèrent que leurs enfants apprennent l'arabe coranique avec l'imam plutôt que l'arabe littéraire avec un enseignant de la République. L'arabe n'a pas été exclu de l'école publique, il disparaît parce que les familles n'y trouvent pas leur compte en termes d'instruction religieuse. »

« Tous ces arguments visant à promouvoir l'enseignement de l'arabe à l'école publique sont fallacieux et dangereux. D'une part ils accusent la République, à travers son école, de ne pas faire assez pour promouvoir la culture arabo-musulmane, ce qui contribue, par un effet pervers, à alimenter le mythe d'un « État raciste et islamophobe » cher aux indigénistes. D'autre part on assigne les enfants dès l'école publique à leurs identités particulières (réelle ou supposée) plutôt que bâtir une identité nationale commune. Est-ce le projet français ? », interroge-t-elle à juste titre.

Elle conclue : « Partout en Europe, le réveil des peuples souverains est le signe d'un besoin d'enracinement autant que de cette tradition assimilationniste, lointain héritage de Rome. Rappelons-nous cet adage de grande portée : « A Rome, fais comme les Romains. »

Antoine Béllion

Source : Barbara Lefebvre : « L'arabe n'a pas à être enseigné à l'école publique dès le primaire »
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