Alexandre Del Valle : conséquences et dangers de l’« auto-racisme »
Suite aux scandaleuses demandes d'excuses du président algérien à la France pour la colonisation et après des semaines de révoltes orchestrées par les lobbies anti-racistes, Alexandre Del Valle, spécialiste des questions de l’Islam et du terrorisme, fait une excellente mise au point dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles. En voici quelques extraits.
Il commence par fustiger la récente déclaration du président algérien, Abdelmadjid Tebboune : « (…) L'exigence du président est intéressante à analyser d'un point de vue psycho-géopolitique car elle résume tout le problème de la repentance en politique. En effet, la psychologie humaine nous enseigne que « plus on s'excuse et l'on se sent coupable, plus on est culpabilisé et accusé ».
Le président algérien n’a pas hésité à proférer des menaces à peine voilées, il a « habilement rappelé à ses interlocuteurs français post-gaullistes complexés : "On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas. " On notera le "il faut", qui équivaut à un ordre », fait remarquer M. Del Valle. Abdelmadjid Tebboune va encore plus loin lorsqu'il estime nécessaire, pour la France, d'« affronter le problème de la mémoire qui hypothèque beaucoup de choses dans les relations entre les deux pays (…). Cela va permettre d'apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage »…
« Faisant clairement allusion au "contexte actuel" (violences urbaines et révoltes traoristes ), le président algérien a opportunément rappelé qu'il y a "six millions d'Algériens ou descendants d'Algériens en France", faisant ainsi comprendre qu'il aurait les moyens de radicaliser ou apaiser cette communauté selon que l'Etat français cède à d'ultérieures demandes ou pas… », alerte le célèbre chroniqueur. Effrayant !
« En fait le président algérien sait parfaitement, en bon connaisseur de l'âme européenne complexée, que le peuple français dirigé depuis la fin de De Gaulle par des élites post-nationales, est profondément nationalement et psychologiquement amoindri par cinq décennies de repentance et d'enseignement de la haine de soi », continue-t-il. « (…) Abdelmajid Tebboune connaît bien cette loi de la psychologie de la domination qui fait que le culpabilisé-débiteur ne s'excuse jamais assez, surtout si ses "fautes" ne sont pas unilatérales et si l'accusation permet de faire oublier celles du culpabilisateur… »
M. Del Valle est ferme sur ce point : « En matière de mémoire, de repentance et de demandes de pardon, tout ne se vaut pas: il existe de vraies victimes, des responsabilités unilatérales et des fautes partagées. Et le noble principe d'autocritique a lui aussi ses limites et ses perversions. » (…)
« Aussi, lorsque les Européens d'aujourd'hui s'excusent d'avoir colonisé des pays musulmans — lesquels répondent comme Tebboune en exigeant toujours plus d'excuses — ils commettent une erreur de jugement sur eux-mêmes et sur l'Autre et font preuve d'amnésie, car les pays européens chrétiens ont été eux-mêmes encore plus durement et plus longtemps agressés, colonisés et même réduits en esclavage par les empires arabes, l'empire turco-ottoman et les pirateries berbéro-maghrébines, (…). Les excuses de nos dirigeants envers des leaders nationalistes arabes, turcs ou islamistes (…) constituent une culpabilisation unilatérale inappropriée et un renversement des responsabilités », dénonce-t-il.
« En réalité, explique le spécialiste, la sagesse voudrait que l'on soit autant indulgent avec notre passé impérial qu'avec le passé tout aussi impérialiste des Califats-sultanats arabes et turcs (…). Le souci d'équité voudrait que nos empires passés ne soient pas plus diabolisés que ceux des califats islamiques, donc que l'on en condamne aucun ou TOUS ; que l'on fustige tous les racismes ou aucun, toutes les colonisations passées ou aucune, afin d'éviter que la repentance à sens unique ne devienne une arme au service des suprémacistes à rebours enclins à justifier leurs appétits conquérants par des insatiables exigences de "réparation".»
« La sagesse voudrait que l'on ne juge pas notre passé avec l'œil du présent (anachronisme) et que l'on ne soit pas plus "auto-raciste" que raciste. Car la haine n'engendre que la haine, et (…) seul le pardon (envers l'Autre mais aussi envers soi) permet la réconciliation, pas l'entretien des rancunes à la façon des Indigéniste/"racisés" vindicatifs », conclut-il.
Guillaume Gattermann
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