Addiction au smartphone : quand le portable détruit nos enfants

Photo : Jeremy Bishop via Unsplash

Addiction au smartphone : quand le portable détruit nos enfants

Le constat mis en lumière par un reportage du Figaro publié le 18 avril dernier est sans appel : l’usage excessif du smartphone chez les mineurs provoque une véritable crise de santé publique. 

L’équipe du célèbre quotidien a suivi la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, dans les couloirs du service de psychiatrie de l’enfant de l’hôpital Robert-Debré, où l’on soigne aujourd’hui des jeunes « addicts » non seulement aux écrans, mais aussi parfois aux substances. 

Le Dr Emmanuelle Peyret Psychiatre tire la sonnette d’alarme : « Depuis deux ans, on est confronté autant à l’addiction aux écrans qu’à celle aux produits. On a aussi une grave problématique de prostitution chez les très jeunes filles, parfois dès 11 ans ! Elles sont harcelées, toutes les minutes, elles reçoivent une notification sur Snapchat ! »

Face à la montée des idées suicidaires, des conduites auto­agressives et du cyberharcèlement, de nombreuses questions surgissent : faut-il interdire les écrans avant 3 ans ? Les réseaux sociaux avant 15 ans ? Installer un « panier à portables » familial chaque soir ? Les experts, souvent plus mesurés, prônent avant tout la prévention et l’accompagnement : « Plutôt éducation qu’interdiction », affirment-ils.

Cependant les chiffres, eux, parlent d’eux-mêmes : + 40 % de troubles anxieux chez les adolescents très connectés et 60 % des 11-12 ans ont déjà vu des contenus violents ou pornographiques. Le rapport de la commission Écrans propose un cadre progressif, de l’interdiction totale avant 3 ans jusqu’à une limitation stricte jusqu’à 17 ans. 

Le Dr Vincent Trebossen, pédopsychiatre, rappelle : « On n’a pas de connaissances assez précises sur l’impact des réseaux sociaux sur le développement cognitif de l’enfant. Un ado déprimé va passer plus de temps en ligne, et ceux-ci peuvent mener à la dépression… C’est pour cela que nous voulons, à terme, infiltrer ces réseaux sociaux. » L’idée est d’y créer des groupes de soutien et d’« orienter les influenceurs vers les bonnes pratiques » pour limiter les effets délétères.

Pour sortir de l’impasse, tous s’accordent sur une chose : l’éducation et la guidance parentale doivent primer. « La clé, c’est l’échange que l’on va avoir avec l’enfant », insiste le Dr Trebossen, appuyé par ses collègues. 

Sur le plan international, certains pays ont adopté des mesures radicales : l’Australie et l’Espagne ont fixé 16 ans comme âge minimum pour les réseaux sociaux, la Norvège vise 15 ans, tandis que la Chine limite depuis 2021 à 40 minutes quotidiennes l’accès à Douyin, la version chinoise de TikTok, pour les moins de 14 ans. 

En France, la « majorité numérique » à 15 ans, votée en 2023, n’est pas encore entrée en vigueur, bien qu’elle recueille 73 % d’avis favorables. « On continue à travailler avec un certain nombre de pays comme la Grèce, l’Espagne, le Danemark ou l’Allemagne, pour avoir plus de poids », explique Clara Chappaz.

Mais finalement il ne s’agit plus d'un simple débat sur la modération des écrans, mais d’une véritable alerte sanitaire : nos enfants, désorientés et psychologiquement fragilisés, risquent de devenir la première génération marquée à vie par une dépendance numérique incontrôlée. Si rien n’est fait de toute urgence — législation ferme, éducation parentale renforcée, mobilisation des géants du numérique —, c’est l’équilibre mental de milliers de jeunes qui continuera de se dégrader, pavant le chemin à l’anxiété chronique, à la dépression et à des comportements auto­agressifs.

Le temps de l’inaction est révolu : il en va de la survie psychique de toute une jeunesse exposée, chaque minute, au piège invisible des smartphones.

Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/a-l-hopital-les-pedopsychiatres-face-aux-ravages-de-l-addiction-aux-ecrans-20250418

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